Les USA ont besoin de nouvelles sanctions pour faire pression sur la Russie et l'Europe

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Ce qu'il y a de plus intéressant dans les nouvelles sanctions antirusses approuvées par le Sénat américain, c'est leur nom: «Loi sur la lutte contre l'influence russe en Europe et en Eurasie».

En général, on décrète des sanctions pour forcer un État à changer sa politique: ainsi, l'amendement Jackson-Vanik était appelé à faire passer l'envie à l'URSS d'empêcher l'émigration des Juifs. Selon le site d'information Lenta.ru. Or, dans le cas de cette nouvelle loi, il apparaît que Washington ne poursuit aucun objectif mais sanctionne simplement la Russie. Et étant donné que «l'influence en Europe et en Eurasie» est une notion éphémère et difficilement mesurable, il sera très difficile de trouver un prétexte pour lever les sanctions. Et les USA ne le chercheront certainement pas: ces mesures sont trop utiles pour eux dans l'établissement du dialogue avec les partenaires européens.

Hormis les mesures sectorielles, le projet de loi implique plusieurs conséquences à long terme pour la Russie et d'autres pays.

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Premièrement, la question des sanctions antirusses passe de la compétence exclusive du président américain à celle du Congrès: il sera désormais impossible de lever les sanctions sans son accord. Or les congressistes américains sont bien moins enclins au redémarrage des relations avec la Russie que les présidents américains — comme le confirme l'amendement Jackson-Vanik resté en vigueur pendant 38 ans avant d'être annulé en 2012. Le nouveau projet de loi ancre donc l'axe antirusse de la politique étrangère américaine dans le long terme.

Deuxièmement, les sanctions informelles décrétées contre plusieurs compagnies russes en 2014 deviennent officielles et s'élargissent. Désormais, il existe non seulement une liste noire de personnes et d'entreprises, mais également des sous-catégories: les compagnies publiques dans le secteur métallurgique ou l'industrie gazière par exemple.

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Troisièmement, la loi décrit les possibilités d'application des sanctions mais ne rend pas les types concrets de sanction obligatoire. C'est un atout important pour Washington dans ses relations avec les pays européens et d'autres États qui souhaitent mener leur propre politique avec la Russie.

Si cette loi était adoptée c'est le président américain qui déciderait du sort des personnes et des compagnies concernées, et déterminerait les sanctions concrètes. Cette modalité fera l'objet de négociations tenaces entre les USA et d'autres pays. Après tout, conformément à cette loi, le président américain pourra signer un décret exécutif et débrancher le partenaire européen Gazprom du projet Nord Stream du système financier américain (soit plus de 96% des transactions en dollars). Ou pas. La question est de savoir jusqu'où sont prêts à aller les partenaires des USA pour gagner la clémence de Washington.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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