"Les traces de ces fontes passent inaperçues pour les satellites car la neige présente en surface absorbe cette eau et agit comme un tampon, empêchant la formation de lacs fluvio-glaciaires et de flux d'eau qu'on retrouve dans certains glaciers antarctiques. D'un autre côté, nous ne pouvons pas exclure que l'eau "apparente" fasse son apparition par endroits", explique Julien Nicolas de l'université de l'Ohio (USA).
Chaque année, le bouclier de glace de l'Antarctique perd jusqu'à 2 800 km3 de glace et pendant la dernière décennie, la calotte glaciaire s'est réduite de plus en plus rapidement. On a cru pendant longtemps que la formation accélérée d'icebergs était responsable de cette situation, mais les climatologues américains ont découvert en juin 2013 que pratiquement la moitié des glaciers "disparus" avait été érodée par les courants chauds qui mouillaient la partie immergée du bouclier de glace de l'Antarctique par des sortes de "fleuves" au pied des glaciers.
Ces observations, expliquent les scientifiques, n'ont pas été réalisées à l'aide de satellites mais de stations météorologiques mobiles spéciales installées sur toute la superficie du glacier Rossa. Initialement, explique Julien Nicolas, l'équipe n'étudiait pas la fonte des glaces mais examinait l'impact des nuages sur la quantité de chaleur solaire atteignant la surface de l'Antarctique.
Les chercheurs ont alors découvert une tendance plus intéressante et plus inquiétante: les glaciers, d'une superficie d'environ 770 000 km², ont commencé à fondre non seulement en bas, au pied de la calotte glacière, mais également "au-dessus", à la frontière entre l'air et la glace.
Si prochainement ces glaciers se détruisaient entièrement, d'après les scientifiques, le niveau de la mer pourrait augmenter d'environ 3 mètres et atteindre des valeurs comparables à la dernière période interglaciaire qui s'est achevée il y a 125 000 ans.