Cette fois la police a perquisitionné les bureaux de l'église scientologiques de Saint-Pétersbourg.
Une enquête pénale a été ouverte pour "entreprenariat illégal", "incitation à la haine" et "organisation de communauté extrémiste". L'investigation est menée par le service d'enquête de la direction régionale du FSB. On sait également que les principaux figurants de cette affaire ont été identifiés et "on choisit actuellement les mesures de coercition à leur égard". La police se refuse à d'autres commentaires pour l'instant, car l'enquête n'est pas terminée.
En mars les forces de l'ordre avait déjà perquisitionné une structure des scientologues russes à Lossino-Petrovski — le Centre de gestion de l'activité pour propager la dianétique et la scientologie, dans la région de Moscou. Selon la presse, il était question d'une enquête sur l'activité entrepreneuriale illégale des individus agissant au nom du groupe "Eglise scientologique de Saint-Pétersbourg".
Plus tôt, en 2015, a été ouverte une enquête pénale visant une entrepreneuse de Saint-Pétersbourg, Ekaterina Zaborskikh. Cette dernière récoltait de l'argent auprès des personnes pour la construction d'un grand immeuble où ils pourraient tous être logés, avant de disparaître avec l'argent. Selon l'enquête, Ekaterina Zaborskikh a fait don des 130 millions de roubles obtenus de la part des "copropriétaires" du complexe immobilier aux adeptes de Ron Hubbard.
La scientologie en Russie
Les informations sur le nombre d'adeptes de la scientologie en Russie divergent: bien que l'organisation parle d'environ 90 000 membres, l'Association russe des centres d'étude des religions et des sectes (RATsIRS) indique que le nombre de scientologues en Russie ne dépasse pas 4 000 adeptes. Toutefois, ceux qui sont familiers avec la scientologie ou ont un jour fait partie de l'organisation sont bien plus nombreux, selon ces informations.
"De nombreuses personnes sont passées par la secte, explique l'expert des religions et président de RATsIRS, Alexandre Dvorkine. Simplement elles l'ont déjà quittée, elles ont été complètement pressées, et aujourd'hui, vidées et meurtries, elles n'en font plus partie." Actuellement, selon RATsIRS, "plusieurs dizaines" d'organisations scientologiques se trouvent en Russie agissant à titre d'associations, de groupes religieux, d'organisations éducatives ou culturelles, de centres de réhabilitation et de séminaires d'affaires.
"Toutes ces organisations font partie de la secte scientologique, d'une même structure scientologique avec un centre à Los Angeles et lui sont directement subordonnées. Ce qu'on appelle l'"église scientologique" n'est qu'un département "religieux" de la secte scientologique. Elles peuvent porter différents noms: Centre de dianétique, Centre de scientologie, Commission civile pour les droits de l'homme, Jeunesse pour les droits de l'homme, Narkonon, Criminon, Enseignement appliqué, il existe également des écoles de langues et une société vendant des cuisines — la liste est trop longue pour être citée", explique Alexandre Dvorkine.
Sachant que toutes ces associations sont enregistrées comme des organisations différentes, et il est très facile de prouver de facto leur implication aux scientologues, d'après l'expert. Même d'après les publications internes de la scientologie. Selon le spécialiste, l'activité de toute l'organisation scientologique devrait attirer l'attention des autorités compétentes.
En 2012 le tribunal régional de Moscou a ordonné d'inscrire certains livres de Hubbard sur la Liste fédérale des œuvres extrémistes interdites sur le territoire russe. Selon Alexandre Dvorkine, il faut poursuivre cette pratique par rapport aux écrits des continuateurs de la cause et de la doctrine de Hubbard, et aux différentes ressources vidéo et audio qui sont "très nombreux: des milliers".
De nouveaux figurants attendus
"Quand les Américains qualifient ouvertement la Russie de principal ennemi, et ce de manière régulière, l'attitude change envers les organisations religieuses basées sur le territoire de l'ennemi potentiel — même plus potentiel, disons, mais déjà réel", a déclaré Roman Silantiev.
Particulièrement "quand surgissent des informations intéressantes sur les opérations financières, sur l'argent importé ou exporté du pays — on s'interroge: ces organisations ne peuvent-elles pas être une couverture pour une activité de renseignement d'Etats hostiles?".
L'expert est convaincu de l'apparition à terme de nouveaux figurants de telles affaires, hormis les scientologues et les Témoins de Jéhovah*.
D'après les estimations des experts, près de 500 sectes destructrices œuvrent actuellement en Russie. Sachant qu'il est impossible de calculer combien de personnes ont été touchées ou seront encore touchées par leurs actions frauduleuses. En avril la Cour suprême russe a reconnu le siège des Témoins de Jéhovah* en Russie comme étant extrémiste. Cette décision n'est pas encore entrée en vigueur.
Selon la responsable du groupe de travail, la sénatrice Elena Mizoulina, la situation se complique d'autant plus que la notion de "secte", qui plus est de "secte destructrice", n'existe pas dans la législation russe. C'est pourquoi les sectes se dissimulent derrière différentes organisations, organisent des formations psychologiques et des séminaires pour développer les qualités d'un leader. Or nombreux sont ceux qui souhaitent devenir un leader.
*Organisation extrémiste interdite en Russie