D'abord parce que l'État islamique a décidé d'en faire une sorte d'exemple de sa capacité, du dévouement de ses militants, on leur a dit de s'accrocher jusqu'à la mort. Deuxièmement, parce que la partie Est est extrêmement difficilement à prendre, c'est l'une de ces vieilles villes caractéristiques de la période médiévale, où les rues sont étroites, on ne peut pas y introduire des véhicules, c'est vraiment une très dure bagarre. À mon sens, il doit rester quelques centaines d'hommes et ils essaient de tenir jusqu'au bout. La défaite militaire oui, mais la victoire morale est sauve.
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Quelles sont les pertes humaines?
Difficile à évaluer, mais enfin très franchement, ils ont utilisé les civils en tant que boucliers humains, comme en fait très souvent quand on n'est pas directement concerné par la vie de ceux qui sont là, parce que ce n'est pas vraiment les vôtres.
Peut-on comparer le scénario du siège de Mossoul à un nouvel Alep?
Je ne crois pas. Je crois qu'à Alep, on a beaucoup mélodramatisé l'affaire, on a voulu transformer ça comme quelque chose d'extraordinairement important, Alep-Est est tombée relativement facilement, donc je crois que la comparaison est inexacte, ils ne sont pas du tout défendus de la même façon.
À mon avis, en ce qui concerne les sunnites, je ne pense pas qu'ils vont bouger, ils sont très minoritaires. Le fait que l'État islamique ait été écrasé, ça compte, même si beaucoup de sunnites n'étaient pas du tout sympathisants de l'État islamique. Reste le problème entre les Kurdes et les Irakiens. J'entends là le pouvoir de Bagdad, chiite, la situation peut être conflictuelle dans la mesure où les Kurdes occupent une assiette territoriale qui dépasse celle qui leur revient normalement, c'est-à-dire celle qui est de façon écrasante peuplée de Kurdes. Ils se sont beaucoup avancés pendant le conflit. Il va falloir qu'ils pratiquent d'un côté comme de l'autre des discussions qui peuvent aller jusqu'à la torsion de bras. De là à ce que ça débouche sur un conflit, je pense que les Kurdes n'y ont pas intérêt et en fait, pour l'instant, Bagdad non plus. Restera évidemment la question épineuse de Kirkouk et du pétrole de Kirkouk.
Je pense que le souhait de déboucher sur l'indépendance chez les Kurdes d'Irak est indiscutable, c'est très net que s'il y avait un référendum, il y aurait une majorité pour. Enfin, je ne pense pas que cela soit souhaité par la communauté internationale, moins encore par les Américains, donc je pense que ce projet de référendum va être remis à plus tard, logiquement.
La solution pour la paix en Syrie passe-t-elle par Genève ou Astana?
Franchement pour l'instant, ni l'un, ni l'autre. Je ne pense pas qu'on débouche sur la paix pour l'instant. Et je vais vous dire pourquoi à mon avis. On négocie quand on pense qu'à travers la négociation, on peut obtenir davantage que ce que l'on obtiendrait à travers le conflit. Aujourd'hui, de part et d'autre, il y a le sentiment que par la poursuite du conflit, on peut encore gagner une position meilleure.
Vous avez déclaré dans une interview précédente que le grand vainqueur régional était l'Iran. Pourquoi?