Reste cependant à savoir si on passera des paroles aux actes. « Notre devoir pour les années à venir est d'organiser un acte de refondation de l'Union européenne et de la zone euro. »
Des grandes lignes, des « projets bilatéraux susceptibles d'imprimer une nouvelle dynamique », qui comme l'explique Angela Merkel, fera l'objet de plus amples discussions lors d'une rencontre ministérielle franco-allemande après les législatives françaises. Parmi les points évoqués entre les deux personnalités politiques: la « réciprocité commerciale », le « droit d'asile commun », la mise en œuvre par la France et l'Allemagne d'une politique étrangère « plus cohérente », la lutte contre la bureaucratie ou encore la directive « travailleurs détachés », contre laquelle s'était prononcé la plupart des candidats à la présidentielle française.
Des points « qui auront un impact sur la vie quotidienne de nos concitoyens et de nos entreprises » de l'aveu du Président, « et sur lesquels nous avons besoin d'un plus grand pragmatisme et réalisme européen. »
Pour autant, « rien n'est programmé » comme souligne François Lafond, conseiller Europe pour l'institut Jean Lecanuet et maître de conférences à Sciences-Po. S'il juge « plutôt positifs » les messages envoyés par Angela Merkel au nouveau président de la République, il tient à rester prudent sur ce qui est salué par la presse comme une annonce de réforme des traités européens. En cause notamment, un calendrier politique particulièrement serré de part et d'autre du Rhin, avec des législatives début juin en France et fin septembre en Allemagne. Un scrutin fédéral dans lequel Angela Merkel, chancelière depuis 12 ans, remet en jeu son mandat.
« Cela a été mentionné comme une éventualité, ce n'est absolument pas encore à l'ordre du jour. Je crois que c'est simplement un élément de langage, un signe d'ouverture de la part de la chancelière qui a explicité qu'effectivement, s'il n'était pas possible dans le cadre des traités actuels de lancer un certain nombre de réformes, il n'y avait pas de tabou. »
Pas de tabou à condition d'obtenir des résultats. Un point sur lequel Emmanuel Macron et Angela Merkel tombent d'accord: « L'un est l'autre nous sommes convaincus que nous avons besoin de résultats de court terme, mais également de vraies transformations, d'une vraie refondation de l'Europe », explique le président.
Des résultats qui devraient se traduite en politique intérieure, dès l'été: « l'agenda français sera un agenda de réformes dans les prochains mois […] non pas parce que l'Europe le demande, mais parce que la France en a besoin ».
Du côté de Berlin, l'issue du scrutin allemand ne sera pas aussi déterminante que le fut l'élection présidentielle française en matière de politique européenne. En effet, face à Angela Merkel, Martin Schulz, l'ancien président du Parlement européen qui avait quitté ses fonctions fin novembre afin de se consacrer pleinement à sa carrière politique en Allemagne.
Ainsi, malgré le « Brexit » et une montée de la contestation de l'Union européenne en Europe, le ciel semble bien dégagé pour les tenants d'une ligne fédéraliste. Comme le soulignait la chancelière, « les élections françaises, les élections néerlandaises, ont montré aux Allemands le trésor que représente l'Europe. »