Au-delà de ce «rituel» quels sont les enjeux de cette visite outre-Rhin placée sous le signe de l'Europe?
L'amitié franco-allemande est à l'honneur en ce 15 mai: comme Nicolas Sarkozy et François Hollande avant lui, Emmanuel Macron a réservé sa première visite de chef d'État à la chancelière allemande, Angela Merkel. Les deux personnalités politiques s'étaient déjà entretenues à la mi-mars, lors d'un déplacement à Berlin d'Emmanuel Macron, alors candidat à l'investiture suprême. Durant sa campagne, celui-ci a multiplié les gestes en direction de Berlin, comme lorsqu'il déclarait « je ne veux pas agir contre l'Allemagne, mais avec l'Allemagne » ou encore en choisissait comme conseiller diplomatique Philippe Étienne, ancien ambassadeur de France en Allemagne. De son côté, on notera qu'Angela Merkel rencontre son 4e Président français depuis son accession au pouvoir en novembre 2005.
Quels sont les enjeux de cette visite outre-Rhin? C'est la question que nous avons posée à François Lafond, maître de conférences à Sciences Po. Prudent, il rappelle qu'il faudra attendre en France le résultat des législatives et que le pays se dote de son nouveau gouvernement, soulignant au passage que l'Allemagne est elle-même en pleine période électorale. François Lafond évoque également le travail accompli par Emmanuel Macron, lorsqu'il était encore ministre de l'Économie, avec son homologue allemand Sigmar Gabriel. Un travail pouvant donner des indications quant à la direction que pourrait prendre le quinquennat d'Emmanuel Macron en matière de politique économique et européenne.
«Il existe un certain nombre d'informations qui permettent de dire que le nouveau Président veut renforcer la zone euro pour pouvoir approfondir le fonctionnement économique de nos deux sociétés, et en particulier la France. Puisque la France est dans une situation économique qui nécessite un certain nombre de réformes, il les a annoncées, il va certainement être obligé de les mettre en place assez rapidement pour pouvoir donner des gages à la chancelière, pour ensuite éventuellement demander à ce que l'Allemagne puisse de son côté faire quelques pas vers la France, notamment sur la mise en place d'une capacité fiscale au niveau des 19 pays de la zone euro, notamment au niveau d'une présidence permanente — qui ne serait pas simplement un ministre d'un pays de la zone concernée et puis très certainement une instance démocratique — à décider si c'est à l'intérieur du parlement actuel ou à l'extérieur — mais qui permette d'avoir des parlementaires qui puissent dialoguer avec à la fois la Banque centrale et les ministres », a expliqué M. Lafond.