Le Monde: «MacronLeaks» et les rumeurs sur le compte offshore orchestrés depuis les USA

© AFP 2024 Regis DuvignauMacron
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Une enquête réalisée par Le Monde aux côtés de l’organisation de soutien aux médias indépendants Virtualroad.org a permis de retracer le chemin de diffusion qu’ont parcouru les documents piratés d’En Marche! et a mené les journalistes du quotidien français… jusqu’aux «néonazis américains».

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Les deux attaques portées contre Emmanuel Macron à la veille du second tour de la présidentielle proviennent de la même source, et celle-ci se trouve de l'autre côté de l'Atlantique, écrivait jeudi soir Le Monde. Le quotidien français s'est chargé d'analyser le parcours de MacronLeaks, cette gigantesque fuite mélangeant documents authentiques et faux d'En Marche!, et de comparer son trajet à celui fait par la rumeur sur le prétendu compte offshore du nouveau Président français.

Dans les deux cas, tout est parti du forum politique 4chan, immense plateforme anonyme, « où se retrouve une partie de l'"alt-right", cette mouvance américaine d'extrême droite qui compte parmi les soutiens les plus actifs de Donald Trump », écrit Le Monde.

La publication des documents piratés a immédiatement attiré l'attention du site d'extrême droite Disobedient Media. Le média a été le premier à publier un article consacré au piratage. Une rapidité qui, à en croire Le Monde, ne doit rien au hasard, car le site avait été prévenu d'avance du piratage. L'information a été par la suite relayée par Jack Posobiec, caractérisé par le journal français comme une « personnalité trouble et populaire de l'extrême droite américaine ». C'est lui, grâce à son compte Twitter aux 100 000 abonnés, qui a largement contribué à la propagation de cette fuite. Enfin, la nouvelle a atteint WikiLeaks, qui a partagé sur sa page Twitter un lien vers les documents piratés. Il n'en fallait pas plus pour que le monde entier soit désormais au courant des faits.

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Une minutieuse analyse du chemin qu'a suivi la rumeur sur le présumé compte d'Emmanuel Macron dans un paradis fiscal a de son côté permis de révéler pratiquement les mêmes traces. Les premières tentatives de déstabilisation sont venues également du forum 4chan, où a émergé un scan d'un contrat censé prouver que M. Macron « détenait un compte secret à Niévès ». Un document évoqué par Marine Le Pen lors du débat d'entre-deux-tours et qui, selon Le Monde, « avait toutes les apparences d'un faux grossier » a été lui aussi relayé par d'éminents militants d'extrême droite.

« Nathan Damigo, le premier internaute à avoir relayé sur Twitter les faux documents sur le compte offshore de M. Macron, est régulièrement l'objet d'articles élogieux sur le Daily Stormer », indique Le Monde. Ce Daily Stormer mérite d'ailleurs une attention particulière: il s'agit de « l'un des principaux sites néonazis anglophones », crée par Andrew Auernheimer, dit « Weev », un hackeur condamné pour piratage aux États-Unis, mais également « suprématiste blanc et antisémite » très connu « dans la sphère néonazie ».

« Aucun de ces éléments n'a valeur de preuve irréfutable » permettant de prouver la culpabilité d'Andrew Auernheimer et Nathan Damigo, avoue néanmoins le quotidien français.

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« La diffusion des documents n'a pas nécessairement été faite par les personnes les ayant dérobés », ajoute Le Monde, qui n'hésite pas à aller plus loin, cherchant la présumée piste russe dans la biographie des personnes évoquées. La seule trace pourtant repérée par le média français mène vers William Craddick, fondateur du site d'extrême droite Disobedient Media à qui Le Monde reproche d'avoir figuré parmi les invités d'un débat de la chaîne RT. Quant aux autres personnes dont les noms sont cités dans l'article du Monde, aucun lien avec la Russie et pourtant beaucoup en commun avec le Président américain: Weev, « le hackeur lié aux premiers faux documents, affirme vivre depuis un an en Ukraine — et apprécier autant le Président ukrainien que "son" Président, Donald Trump » alors que Jack Posobiec, qui « a joué un rôle central dans la diffusion des deux "dossiers" », ne cache pas son « admiration» pour M. Trump. Une émotion qui est d'ailleurs réciproque, conclut Le Monde.

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