Johannes Hübner: «Il faut liquider l'Otan aussi vite que possible»

© AFP 2024 Maxim AvdeyevA member of the banned National-Bolshevik Party sets on fire a flag bearing the North Atlantic Treaty Organization (NATO) logo during a protest on April 5, 2010
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Johannes Hübner, homme politique autrichien, évoque les moyens d'obtenir la reconnaissance de la Crimée russe dans le monde entier.

In this file photo dated Aug. 29, 2014, NATO naval mine countermeasure vessels berth in Turku, Finland, during the international Northern Coasts 2014 (NOCO14) military exercise - Sputnik Afrique
Russie-Otan: les projets suspendus font penser aux vies qui auraient pu être sauvées
Une délégation de représentants autrichiens a participé aux travaux du Forum économique international de Yalta. La Crimée a notamment accueilli le sénateur Hans-Jörg Jenewein, le vice-maire de Linz Detlef Wimmer, ainsi que Johannes Hübner, vice-président du comité des affaires internationales du Conseil national (chambre basse du parlement du pays).

Dans son interview, ce dernier évoque les raisons du refus de l'Union européenne de résoudre la question de la Crimée, le futur de l'UE et les particularités de la politique européenne des États-Unis.

Les relations entre la Russie et l'UE ont souffert de manière très considérable suite à l'adoption des sanctions antirusses en 2014. Que pensez-vous des rapports entre Moscou et Vienne?

Johannes Hübner: Il n'existe pas de divergences importantes dans les relations bilatérales russo-autrichiennes. Quoi qu'il en soit, le statut de membre de l'UE limite la marge de manœuvre de Vienne en domaine de la politique étrangère. En outre, les États-Unis avaient un intérêt à prendre des sanctions antirusses et ont pratiquement obligé l'UE à rejoindre le blocus économique contre Moscou. Les événements de 2014 en Ukraine ont servi de prétexte pour introduire les sanctions.

Quand peut-on s'attendre à un règlement de la question criméenne?

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Média US: la livraison des S-400 russes en Turquie est un «défi» pour l’Otan
Il n'y a en Occident aucune volonté politique visant à résoudre ce problème. Au contraire, on constate une envie d'aggraver la crise et d'utiliser la Crimée comme prétexte pour maintenir la politique de sanctions. Car il existe en réalité une solution très simple: l'UE pourrait initier un référendum sous l'égide internationale pour demander encore une fois à la population de la péninsule si elle veut faire partie de la Russie ou de l'Ukraine.

Au lieu de cela, les élites occidentales refusent le dialogue et continuent de se persuader que les Criméens n'ont pas pu voter pour le rattachement de la péninsule à la Russie, bien que notre devoir moral soit de soutenir ceux qui se sont prononcés selon le droit des peuples à l'autodétermination, qui est un principe de base de l'Onu.

Que pensez-vous de l'avenir de l'Union européenne?

Otan - Sputnik Afrique
La Russie prête à reprendre le dialogue avec l'Otan
Si l'UE veut maintenir ses activités, la seule voie juste réside dans sa décentralisation. Le renforcement du pouvoir de Bruxelles se soldera tôt ou tard par le démembrement de l'Union. De nombreuses décisions adoptées par l'UE influent souvent de manière négative sur les pays membres. La création de la zone euro en est un bon exemple: cette décision était motivée par une certaine idéologie mais n'était pas vraiment raisonnable d'un point de vue économique. L'adoption de l'euro a torpillé l'économie du Portugal, de l'Italie, de l'Espagne ou de la Grèce, qui n'étaient tout simplement pas prêtes à adopter cette nouvelle monnaie.

La crise migratoire remet également en question la cohésion de l'UE. Elle a montré l'incapacité de l'Union à protéger ses frontières et à mener une politique migratoire acceptable non seulement pour l'ouest, mais aussi pour l'est de l'UE. Dans ce contexte, le groupe de Visegrád (qui réunit quatre pays d'Europe orientale: la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, ndlr) pourrait être un centre de gravité pour les pays d'Europe orientale qui résistent à la politique de Bruxelles pour garder leur propre souveraineté.

La plupart des membres de l'UE font également partie de l'Otan, une alliance militaire qui poursuit son expansion à l'est. Que pensez-vous des actions de ce bloc?

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan - Sputnik Afrique
Otan: travailler avec la Russie est une priorité
La liquidation de l'Alliance aurait été la seule décision raisonnable en 1991. Au lieu de lancer une ère de partenariat égalitaire après la fin de la guerre froide, l'Otan s'est élargie, réarmée et a commencé à s'approcher des frontières russes. Ces agissements doivent être considérés comme des actions agressives visant seulement à renforcer l'influence et la présence des États-Unis en Europe. A mon avis, il faut liquider l'Alliance aussi vite que possible.

Que pensez-vous de la politique russe du président américain Donald Trump?

Le président américain a une marge de manœuvre très réduite pour prendre des décisions indépendantes, et la politique se fait dans les couloirs. La mise en œuvre de la volonté de Donald Trump de modifier l'approche politique envers la Russie a été immédiatement bloquée. La démission de Michael Flynn (conseiller du président américain pour la sécurité nationale, ndlr) à cause de sa coopération prétendue avec la Russie ne fait que confirmer le fait que toute amélioration des relations avec Moscou reste malheureusement indésirable à Washington.

Pourquoi des cercles d'influence américains ont-ils intérêt à conserver une politique antirusse?

Les navires de l'Otan dans la mer Noire - Sputnik Afrique
Le renforcement de l’Otan mettrait en cause la sécurité en mer Noire
La Russie de Vladimir Poutine est considérée comme un ennemi parce qu'elle empêche une hégémonie totale des États-Unis dans le monde. Vladimir Poutine ne suit pas la politique établie par Washington et préfère affirmer une ligne indépendante. Globalement, la raison de la confrontation réside dans le fait que les cercles politiques et militaires américains sont dominés par l'idée de l'existence d'une seule puissance internationale: les États-Unis. Les raisons plus profondes de cette russophobie exigent une étude plus détaillée qui pourrait, d'après moi, mériter un prix Nobel.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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