Une guerre "chaude"
"Tout le monde s'interroge tout d'abord pourquoi les systèmes antiaériens russes n'ont pas abattu tous ces missiles. Les gens pensent qu'il aurait fallu le faire afin de prévenir cette agression. Mais si nous avions détruit ces engins, nous aurions pu ne pas nous réveiller ce matin à cause du conflit nucléaire. Nous aurions pu faire face à un affrontement de deux Etats nucléaires sur le territoire d'un pays tiers", souligne Sergueï Soudakov.
"La Syrie est de temps en temps bombardée par Israël et la Turquie, mais nous ne faisons que défendre notre aérodrome et nos sites. A mon avis, il s'agit d'une décision politique de ne pas abattre ces missiles, car cela aurait pu provoquer un conflit russo-américain au niveau des forces antiaériennes", poursuit-il.
Selon lui, Donald Trump s'est dangereusement rapproché d'une "guerre chaude":
Les États-Unis ont annoncé leur intention de frapper via des canaux diplomatiques. La Russie a également prévenu les Syriens qui ont évacué les soldats et le matériel de la base, poursuit-il.
"Cela ne témoigne pas de la force de nos positions et même tous ces accomplissement laissent un arrière-goût amer", estime-t-il.
Attaques et parallèles
"Israël est l'allié-clé des USA au Moyen-Orient et sa position sur le problème syrien est proche de celle des Américains. Ses frappes rappellent en partie ce que nous avons constaté aujourd'hui. On peut les considérer comme un certain entraînement voire un test de réaction, mais la Russie a décidé de laisser sa réaction pour l'avenir. Et sa riposte sera sans doute appropriée", explique l'expert.
Si les frappes américaines contre les forces syriennes dans la province de Deir-ez-Zor en septembre 2016 ont tiré un trait sur les accords en faveur du règlement de la crise syrienne obtenus en Suisse, l'attaque d'aujourd'hui détruit l'espoir que Moscou avait d'une normalisation de ses relations avec Washington, indique-t-il.
Un faux pas
"Trump a besoin d'entreprendre des initiatives dans le domaine de la politique étrangère pour faire respecter sa politique intérieure. Mais ce pas a été tout à fait erroné. Il ne s'agit pas de sa décision, mais de la décision de ces conseillers, d'une erreur grave. On ne compte plus les cas où les Etats-Unis ont lancé des ingérences et détruit la souveraineté d'autres pays. Mais ce que nous constatons aujourd'hui est une agression d'un autre genre qui vise un allié de deux adversaires assez sérieux: la Russie et l'Iran", conclut-il.
"Il s'agit d'un coup dur contre les relations russo-américaines, les derrières évolutions et les espérances liées au nouveau président, à une amélioration de rapports avec lui par rapport à son prédécesseur. Il s'agit également d'un coup contre le processus de paix en Syrie qui avance déjà avec des difficultés très importantes. Il est désormais également menacé", affirme Nikita Smaguine, politologue et rédacteur en chef de la revue Iran segodnia.
Détourner l'attention
Cette attaque fait partie d'un autre scénario de Trump, estime Sergueï Soudakov:
Nikita Smaguine est d'accord avec cette théorie de diversion:
"A mon avis ce facteur a sans doute influé sur la décision. Mais il n'est pas le seul. Il y a plusieurs facteurs. La nécessité de détourner l'attention constitue pourtant une motivation supplémentaire: il faut organiser une démonstration spectaculaire".
"Nous constatons le retour du gendarme qui impose sa volonté par la force", conclut-il.
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