Le projet coûteux de déradicalisation des jeunes lancé par le gouvernement français en mai 2016 est « un fiasco total », la plupart des islamistes ne voulant pas être déradicalisés, ressort-il d'un rapport présenté par deux sénatrices, Esther Benbassa et Catherine Troendlé.
Dounia Bouzar, anthropologue française, fondatrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam, qui a renoncé à sa collaboration avec le gouvernement français en février 2016, critique l'idée du gouvernement de fonder les centres de réinsertion sur le volontariat des djihadistes potentiels.
« Pourquoi me dit-on que les jeunes doivent être volontaires pour aller dans le centre de déradicalisation ? Mais vous connaissez un seul radicalisé qui est volontaire pour se déradicaliser ? Ça n'existe pas », a noté Mme Bouzar à Sputnik.
Selon les données officielles, la France compte environ 8 250 islamistes radicaux. Début septembre 2016, le Premier ministre français de l'époque Manuel Valls a annoncé que 900 Français souhaitaient se rendre en Irak et en Syrie pour y mener le djihad.
Mme Bouzar se demande en outre pourquoi les centres de déradicalisation créés par le gouvernement pour les jeunes majeurs sont des centres ouverts et non fermés, tout en insistant sur le fait qu'il s'agit de centres fermés avec des éducateurs et non de prisons, qui ne feront que compliquer la situation.
Le dernier résident du centre de Pontourny, Mustafa Savas, 24 ans, a obtenu en janvier dernier une permission de sortie avant d'être placé en garde à vue dans le cadre d'une opération antiterroriste dans le Bas-Rhin. Mustafa Savas était lié avec la filière djihadiste de Strasbourg, à laquelle appartenait Foued Mohamed-Aggad, l'un des kamikazes du Bataclan, en novembre 2015.
La structure de Seine-Saint-Denis a aussi été un fiasco : promesses publiques jamais tenues, salaires rarement payés, exagération du nombre de radicalisés traités par la cellule et manipulation des familles de jeunes radicalisés.
Nadia Remadna, présidente de la Brigade des Mères qui a eu affaire à la cellule de déradicalisation en Seine-Saint-Denis, ne pense pas « que ce soit des centres de déradicalisation qu'il faut mettre en place mais travailler avec les écoles à partir de la primaire et faire un vrai travail de terrain ».
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