Comment la Russie a vendu l'Alaska

Un siècle plus tard, le 30 mars 1867, était signé l'accord de vente de la péninsule de l'Alaska par la Russie aux États-Unis.

Après leur découverte les nouveaux territoires ont été exploités par des compagnies privées, des industriels et des explorateurs russes, ainsi que par des expéditions gouvernementales pour lesquelles la Compagnie russo-américaine avait été spécialement fondée en 1799.

Au début du XIXe siècle, l'Alaska apportait des revenus à l'État russe essentiellement grâce au commerce de pelleteries du nord du Pacifique. Mais pendant les activités militaires en Extrême-Orient puis la guerre de Crimée, il est devenu évident que les dépenses pour l'entretien et la défense d'un territoire aussi éloigné et vulnérable sur le plan géopolitique seraient supérieures au profit potentiel qu'il pouvait apporter.

L'idée de vendre l'Alaska a été exprimée en confidence pour la première fois par le général-gouverneur de la Sibérie orientale Nikolaï Mouraviev-Amourski en prévision de la guerre de Crimée de 1853-1856. Au printemps 1853, Mouraviev-Amourski a présenté à l'empereur Nicolas Ier une note pour expliquer en détail son avis sur la nécessité de renforcer les positions de la Russie en Extrême-Orient et sur l'importance d'entretenir des relations étroites avec les États-Unis.

Son idée se résumait au fait que la question de la cession des territoires russes transatlantiques aux USA serait soulevée tôt ou tard, et que la Russie ne pourrait de toute façon pas protéger ces territoires éloignés. A l'époque la population russe de l'Alaska représentait entre 600 et 800 habitants selon différentes estimations, pour environ 1 900 Créoles et un peu moins de 5 000 Aléoutes. 40 000 d'indigènes Tlingits qui ne se considéraient pas comme des sujets de la Russie vivaient également sur ce territoire. Les Russes n'étaient donc pas suffisamment nombreux pour conquérir ce territoire de plus de 1,5 million de km² de superficie si éloigné des territoires russes.

En décembre 1866, pendant une réunion spéciale du ministère russe des Affaires étrangères avec la participation de l'empereur Alexandre II, du grand-duc Constantin ( frère cadet d'Alexandre II ), du ministre des Affaires étrangères Alexandre Gortchakov, du ministre des Finances Mikhaïl Reïtern, du ministre de la Marine Nikolaï Krabbe et de l'émissaire à Washington Édouard de Stoeckl, il a été décidé de vendre les territoires russes à l'Amérique du Nord.

Le 30 mars 1867 a été signé l'accord de vente de l'Alaska aux États-Unis pour 7,2 millions de dollars ( 11 millions de roubles impériaux ).

La cérémonie officielle de cession de l'Alaska s'est tenue le 18 octobre 1967, pendant laquelle le drapeau russe a été descendu et le drapeau américain a été hissé sous les tirs d'artillerie. Un défilé militaire a également eu lieu dans la capitale des colonies russes en Amérique du Nord, Novoarkhanguelsk ( aujourd'hui Sitka ).

Au cours de l'été 1868 le baron Édouard de Stoeckl, chargé d'affaires à Washington, a reçu du trésor américain un chèque de 7,2 millions de dollars mettant un point final à la plus grande transaction de l'histoire pour la vente de propriétés territoriales. Avec le territoire de l'Alaska les États-Unis ont reçu tous les biens immobiliers, toutes les archives coloniales ainsi que les documents officiels et historiques qui s'y rapportaient.

La plupart des chercheurs s'accordent à dire que l'accord de vente de l'Alaska constituait le résultat mutuellement bénéfique de la réalisation des ambitions géopolitiques américaines et de la décision lucide de la Russie de concentrer ses efforts sur la conquête de l'Amour et du Primorié, qui ont été rattachés à l'Empire russe en 1860.

En 1884, l'Alaska a obtenu le statut de district et en 1912 celui de territoire américain. En 1959, l'Alaska est devenu le 49e État des USA.