Esclaves sexuelles en Sicile: l'affaire toujours au point mort

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Le scandale sexuel qui a éclaté en Sicile il y a deux ans a eu un écho international: plusieurs milliers de femmes roumaines travaillant dans les exploitations agricoles du sud de l'Italie devaient vivre et travailler dans des conditions inhumaines, et subissaient des violences sexuelles de la part de leurs employeurs.

Dans la province de Raguse, 3e plus grand producteur de légumes d'Europe, les faits ont atteint des proportions très inquiétantes. Les autorités italiennes ont fermé les yeux sur ces pratiques pendant plusieurs années.

Dans la province italienne de Raguse, ce sont surtout des femmes roumaines qui viennent travailler sur les exploitations agricoles. En 2006, 36 Roumaines s'étaient rendues dans la province sicilienne pour travailler. Après que la Roumanie a adhéré à l'UE en 2007, elles étaient déjà près de 5 000 en 2017.

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« Les paysans siciliens ont peur d'engager des migrants clandestins aujourd'hui, c'est pourquoi ils exploitent les citoyens de l'UE qui acceptent de travailler pour un bas salaire car dans leur propre pays la situation est absolument sans issue », explique le syndicaliste Giuseppe Scifo.

La loi italienne promet aux travailleurs saisonniers 56 euros pour une journée de travail de 8 heures. En réalité ils sont payés 3 fois moins et la plupart des travailleurs étrangers ne signent même pas de contrat.

Les Roumaines vivent dans des taudis, sont mal nourries, ne bénéficient d'aucune assistance médicale et la plupart d'entre elles sont sexuellement exploitées chaque jour par leurs employeurs. Mais ce qu'elles craignent le plus, c'est de revenir dans leur pays.

Ces derniers temps, les paysans forcent de plus en plus souvent leurs employées à participer à des soirées sexuelles où ils échangent les Roumaines avec leurs connaissances et amis. Comme l'écrit World of Migrants, les employeurs de 60 ans choisissent généralement des femmes de 20-24 ans pour participer à ces soirées.

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Pour les forcer à accepter les pratiques sexuelles, les paysans menacent de les priver de travail, de logement et d'argent. Les plus vulnérables sont les femmes avec des enfants — en général l'employeur menace de séparer la mère de l'enfant ou de leur compliquer la vie d'une autre façon.

Les sévices dans la province sicilienne ont été révélés en 2014 par le journal Corriere Della Sera. L'attention de la presse a été attirée par l'augmentation significative du nombre d'avortements dans la région avec la venue de Roumaines à Raguse: « Dans une ville de 60 000 habitants nous faisions six avortements par semaine », avait déclaré au journal l'hôpital de Vittoria.

« Quand les Roumaines ont besoin de consulter un médecin elles viennent avec un homme — généralement c'est leur employeur italien, tunisien ou albanais. Les femmes ne peuvent rien dire. Les hommes parlent à leur place en se présentant comme leur ami ou connaissance. Et ils ne les laissent pas en tête-à-tête avec le médecin », écrit le Guardian.

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En 2015, les députés italiens ont tenté d'ouvrir une enquête sur le scandale sexuel en Sicile mais l'affaire est restée sans suite. « Le gouvernement n'agit pas depuis deux ans. Nous n'abandonnerons pas aussi facilement. Les crimes doivent cesser », a déclaré la députée Marisa Nicci.

D'après la procureure Valentina Botti en charge de cette affaire, ces derniers temps l'exploitation de femmes roumaines en Sicile prend de l'ampleur. Les victimes ont peur de se plaindre à qui que ce soit et dans la plupart des cas les coupables restent impunis. Ceux qui ont tout de même décidé de contacter la police connaissent de sérieux problèmes d'emploi.

La seule chose que les autorités de Vittoria ont réussi à faire jusqu'à présent est d'ouvrir un centre pour les Roumaines qui ont fui le traitement violent de leur employeur.

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