Affaires dans les médias, Macron qui rit, Fillon qui pleure?

© AFP 2024 Martin BUREAUFrench presidential election candidate for the right-wing Les Republicains (LR) party Francois Fillon delivers a speech to present his programm during a campaign meeting in Aubervilliers, outside Paris, on March 4, 2017.
French presidential election candidate for the right-wing Les Republicains (LR) party Francois Fillon delivers a speech to present his programm during a campaign meeting in Aubervilliers, outside Paris, on March 4, 2017. - Sputnik Afrique
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381.759 euros, c’est le montant d’un déplacement d’Emmanuel Macron à Las Vegas lorsqu’il était encore ministre de l’Économie.

Le Canard enchaîné révèle une nouvelle série d'affaires embarrassantes, tant pour François Fillon que son concurrent Emmanuel Macron. Pourtant, suivant le candidat, les affaires ne semblent pas trouver le même écho dans la presse.

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Une soirée de Macron à Las Vegas éveille des soupçons de favoritisme
Ce mercredi 8 mars, le Canard enchaîné consacrait — une fois n'est pas coutume — une de ses rubriques à François Fillon, dans ce qui s'avère être une nouvelle révélation dérangeante pour le candidat de la Droite et du Centre. Celui-ci n'aurait pas déclaré un prêt sans intérêt de 50 000 € contracté en 2013 auprès de son ami, Marc Ladreit de Lacharrière, celui-là même qui avait trouvé une place confortable pour Pénélope à la Revue des Deux Mondes, qu'il possède. Une énième révélation en six semaines, tant est si bien que François Fillon a dénoncé sur LCP une « opération de déstabilisation politique » de l'hebdomadaire satirique.

Cependant, cette semaine le Républicain n'est pas la seule cible du Canard qui égratigne aussi Emmanuel Macron. En janvier 2016, alors qu'il était ministre de l'Économie, le nouveau favori de la présidentielle n'aurait pas lésiné sur les moyens lors d'un déplacement à Las Vegas où il a rencontré un parterre de personnalités et de dirigeants de Start-Up français. Jusque-là rien de répréhensible, mais la note laissée à Bercy pour l'organisation d'une soirée réunissant 500 convives dans un hôtel demeure pour le moins salée: 381 759 € — d'argent public bien sûr — « dont 100 000 rien que pour l'hôtel » précise le Canard.

D'autant plus que l'organisation de cette « French Tech Night » par la société Havas France — détenue par le groupe Bolloré — mandatée par Business France, n'a fait l'objet d'aucun appel d'offre. Un évènement que l'Inspection générale des finances (IGF) juge « susceptible de relever du délit de favoritisme » qui a diligenté une enquête en décembre.

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Ainsi, on apprend dans les colonnes de l'hebdomadaire que Business France et même certains de ses salariés « pourraient être incriminés pour favoritisme », un sort visiblement partagé par Havas France et ses dirigeants « au titre de la complicité ou du recel ».

Mais là où cela devient intéressant, c'est lorsqu'on compare l'écho médiatique des révélations du Canard sur les deux candidats. Si François Fillon et sa campagne prennent l'eau de toutes parts depuis fin janvier et les premières révélations sur un présumé emploi fictif de sa femme (véritable sport national au Parlement), Emmanuel Macron quant à lui continue sans grande encombre son ascension. Pourtant, les révélations gênantes le concernant ne manquent pas.

On se rappelle notamment des 150 000 € annuels de frais de bouche du ministère de l'Économie, dont le vorace ministre avait consommé 80 % à lui tout seul en quelques mois, alors qu'il avait déjà annoncé le lancement de son mouvement, quatre mois avant son départ de Bercy, en août 2016. Des révélations parues le 25 janvier dans le livre Dans l'enfer de Bercy (éd. JC Lattès, 2017) des journalistes Marion L'Hour et Frédéric Says, et immédiatement éclipsée dès le soir même par l'annonce des révélations du Canard enchaîné sur François Fillon.

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Il se contentera d'un passage sur le plateau du 20h de Gilles Bouleau sur TF1, quelques jours plus tard, déclarant qu'il « assume totalement », qu'il a été un « ministre actif » et qu'il « n'a pas utilisé cet argent pour le mouvement En Marche! » L'affaire retombe immédiatement. Il est pourtant soupçonné d'avoir utilisé 120 000 € d'argent public dans des mondanités en vue d'étoffer son carnet d'adresses en prévision de la campagne.

Plus grave peut-être, la sincérité mise en doute de sa déclaration de patrimoine à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Le ministre a en effet annoncé une « fortune » de 156 160 €. Or, avant d'être nommé à Bercy, l'ancien banquier d'affaires avait engrangé près de 2,4 millions d'euros de revenus (bruts) en 18 mois passés chez Rothschild. Même en soustrayant les emprunts contractés pour des achats immobiliers, le chiffre paraissait bien bas.

Pour sa défense, notre ex-ministre affirme qu'il a été un peu cigale et a presque tout dépensé… soit tout de même un SMIC par jour, selon certains calculs. Là aussi, les médias se contenteront de l'explication, sans jamais trop chercher à lui demander les mêmes comptes qu'à son rival LR.
Plusieurs collectifs s'interrogent d'ailleurs sur l'honnêteté de ces comptes et l'ont fait savoir aux autorités judiciaires compétentes, qui n'ont pas fait preuve de la même réactivité que dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la famille de Fillon. Il faut dire que là encore, la pression médiatique sur les deux affaires n'a rien de commun.

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Autre effet de cette déclaration de patrimoine, le candidat d'En marche! en profitait pour rester sous la barre fatidique des 1,3 million d'euros de patrimoine, lui évitant de payer l'ISF de manière pour le moins litigieuse. Si le Canard avait levé le lièvre, Macron avait de son côté négocié avec l'administration fiscale, évitant ainsi le contentieux.

Autre exemple, les sommes importantes que les candidats ont empruntées dans leur entourage. Les 50 000 euros de Fillon font la Une, mais Emmanuel Macron a emprunté de son côté 550 000 euros à son mentor et riche ami, Henry Hermand. Le candidat affirme que son remboursement est en cours, mais il fait aussi débat. En tout cas, Charles de Courson, député UDI spécialiste des questions financières s'interrogeait début juin à ce propos. Une polémique qui avait eu un faible écho dans la presse.

Quant à l'affaire du jour, le soupçon de favoritisme dans le déplacement à Las Vegas de celui qui était encore ministre de l'Économie, son écho a été largement couvert par le bruit médiatique des ralliements de personnalités du PS — dernier en date, Delanoë — au jeune candidat à la présidentielle.

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Plus réactif et solidaire que le camp de Fillon n'a pu l'être avec son « champion », Michel Sapin est monté au créneau pour tuer dans l'œuf la polémique; « C'est un dysfonctionnement de Business France. Il lui appartenait, si elle considérait que les délais étaient trop courts, de dire qu'elle ne pouvait pas organiser l'événement selon les règles, ce qui n'a pas été fait ». A-t-il déclaré.

Quant au Parquet national financier, celui-là même qui avait ouvert une instruction contre le candidat de la droite et du centre 24 heures après les premières révélations du canard enchaîné à l'encontre de Fillon, il déclare avoir « pris connaissance de l'article du Canard enchaîné. Il s'est rapproché de l'Inspection générale des finances pour obtenir plus d'informations. Dès que nous aurons plus d'éléments, nous envisagerons avec le parquet de Paris les suites éventuelles à donner ».

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