Suite au triomphe de l'orchestre Zohra, premier orchestre afghan 100 % féminin, lors de la fermeture du Forum économique de Davos, des journalistes ont formé une file d'attente pour obtenir une interview. Sputnik n'a pas fait exception.
Un de ses journalistes a réussi à s'entretenir avec le fondateur de l'orchestre, le Dr Mohammad Naser Sarmast, qui est également directeur de l'Institut national de musique d'Afghanistan.
Le Dr Sarmast a raconté que l'orchestre Zohra (« Vénus » en arabe et en persan) a été formé fin 2014, début 2015, et réunit 30 étudiantes de l'Institut national de musique âgées de 13 à 20 ans. Son idée était de donner l'espoir et une motivation aux jeunes filles afghanes, de les faire croire dans leurs forces. Il cherchait d'autre part à ressusciter la tradition musicale classique de l'Afghanistan.
« Nous sommes heureux que les tournées étrangères de l'orchestre Zohra envoient un message culturel positif. En outre, nous poursuivons un objectif au niveau national: peut-être pour la première fois dans l'histoire afghane, la musique joue un rôle aussi important dans la consolidation de la société », signale M. Sarmast.
La tournée européenne de janvier a marqué la première apparition de Zohra sur la scène internationale. Auparavant, certaines étudiantes de l'Institut de musique ont présenté leurs programmes personnels dans plus de 20 pays. Cependant, la valeur de ces prestations n'a rien à voir avec celle du concert de Davos où l'orchestre a été invité.
« C'était un défi culturel. À Davos, nous nous sommes produits devant un public particulier: plus de 3 000 hommes politiques, experts et hommes d'affaires. Bref, devant des personnes dont dépendait dans une grande mesure le développement de l'économie et de la politique mondiale. Cela nous a fait plaisir de représenter à Davos l'Afghanistan et sa musique destinée à unir les peuples », poursuit le Dr Sarmast.
« À la fin du programme, les leaders nous ont fait une ovation debout pendant 10 minutes », a conclu le fondateur de l'orchestre avec satisfaction.
Une de ses étudiantes, la violoncelliste Zarifah Adiba, en est encore à ses débuts, mais c'est elle qui a dirigé l'orchestre pendant la tournée. Cet événement lui a laissé des souvenirs inoubliables.
« J'ai toujours du mal à croire que nous nous sommes retrouvées sur scène, au centre de l'attention d'hommes politiques et d'économistes de renommée mondiale qui nous ont salué debout. Nous avons bissé pour eux avec entrain! Beaucoup d'entre eux étaient étonnés et le président d'Iran Hassan Rohani nous a avoué plus tard qu'il était surpris de découvrir autant de talents parmi la jeunesse afghane, surtout les jeunes filles. J'ai eu l'impression qu'il était sincèrement ému », a confié Zarifah.
« Partout ailleurs la réaction a été à peu près la même. Les spectateurs étaient embarrassés: pour eux, l'Afghanistan était synonyme d'animosité, de violence et de la barbarie des Talibans. Cette image a été créée par les médias occidentaux. Désormais, ils ont une idée différente de l'Afghanistan, un pays dans lequel une place à part est réservée à l'art, à la culture, à la bonté sous ses formes les plus élevées. Une image négative généralisée dissimulait cet aspect de notre pays, ses aspirations à la paix et à la création. Zohra a tenté de dissiper ce brouillard négatif et je crois que nous avons réussi à le faire », se réjouit Zarifah.
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