Le récent sommet de l'Union africaine qui s'est déroulé dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba a confirmé une fois de plus les clivages qui existent au sein du continent africain, mais aussi que l'Afrique ne sera pas absente des processus du monde multipolaire.
En effet, l'organisation panafricaine a adopté une stratégie de retrait collectif de la Cour pénale internationale (CPI). Pourtant et sans surprise, certains pays n'ont pas manqué de se faire les « avocats » de ladite structure, notamment le Sénégal, la Côte d'Ivoire ou encore le Nigeria. Des pays dont les leaders actuels sont connus pour avoir des liens très proches avec les élites occidentales. Néanmoins, et malgré leur opposition au processus engagé, l'Afrique semble effectivement décidée à quitter massivement la CPI.
Pourquoi ce retrait massif africain de la CPI est-il si important? Tout d'abord, car pour beaucoup de nations africaines, la cour est une structure défendant des intérêts néocolonialistes et même racistes. Sa caractéristique est de s'attaquer aux leaders africains qui se sont opposés aux manœuvres occidentales dans leurs pays et régions, tout en épargnant gracieusement ceux travaillant en étroite « collaboration » avec les élites de l'Occident. Cette hypocrisie est devenue aujourd'hui presque impossible à cacher, d'où la « révolte » africaine. L'autre raison avancée par les dirigeants de plusieurs pays africains est que plusieurs grandes puissances mondiales ne reconnaissent pas la compétence de la CPI: États-Unis, Chine, Inde, et plus récemment la Russie, qui s'est aussi retiré en intégralité de cette structure.
Un autre argument en faveur des partisans de la sortie, c'est qu'aucun leader de pays occidental ou affilié à ceux-ci n'ait jamais été visé par une quelconque poursuite à son encontre, même en étant responsable de crimes indéniables en différents endroits du monde. Plusieurs experts et observateurs reconnaissent aussi l'accusation qui est portée en direction de la Cour pénale internationale: celle d'être un instrument de punition et de pression de l'Occident politique.
Par ailleurs, de plus en plus de voix s'élèvent actuellement en Afrique pour mettre en place une Cour pénale panafricaine. Un défi de taille, mais qui pourrait effectivement être la solution à terme pour résoudre les problèmes existants au niveau continental. Enfin, il y a aussi les partisans du renforcement des justices nationales, parmi eux beaucoup d'experts africains comme étrangers, notamment Alexandre Mezyaev, un expert russe du droit international qui connaît bien l'Afrique. Leur argument: renforcer l'état du droit des juridictions concernées tout en privilégiant la souveraineté nationale.
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