« L'un d'eux fait face à des allégations selon lesquelles il aurait versé à sa femme d'énormes sommes d'argent provenant de fonds publics. Un autre veut introduire un revenu de base universel — à un coût de 440 milliards d'euros — payé en taxant les robots. Un troisième veut sortir le pays de l'euro. Et le dernier candidat est un novice complet, qui a promis beaucoup en tant que ministre des Finances, mais a très peu tenu. »
Une incertitude qui inquiéterait de plus en plus les investisseurs étrangers, c'est le constat dressé par Le Figaro, d'autant plus qu'ils n'accordent plus guère de crédit aux instituts de sondage après les épisodes du « Brexit » en juin et de l'élection de Donald Trump en novembre. « L'élection présidentielle française est rapidement en train de devenir l'une des luttes les plus imprévisibles de ces dernières années — même en tenant compte de la décision des U.K. de quitter l'Union européenne et de l'élection de Donald Trump en tant que Président des États-Unis » précise le site américain
En guise d'indicateur de ce sentiment de défiance des investisseurs vis-à-vis de l'hexagone, Le Figaro comme MarketWatch, mettent en avant l'écart qui se creuse depuis plusieurs semaines entre les taux d'intérêt de la France et de l'Allemagne sur les obligations d'État à dix ans. Des taux, qui remontent sensiblement depuis plusieurs semaines. Mais L'économiste Véronique Riche-Florès, Présidente-Fondatrice de RF Research, est quant à elle plus « dubitative » concernant le diagnostic du média américains:
« On est de toute façon dans un contexte de remontée — très graduelle — mais de remontée des taux d'intérêts à long terme. Le mouvement a commencé en Allemagne et touche tous les pays de la zone euro et traditionnellement dans ces périodes là on a des écarts de taux — des spreads — avec l'Allemagne qui ont tendance à se creuser. Donc il y a une partie qui est normale dans ce phénomène de creusement des écarts de taux. »
Véronique Riche-Florès est d'autant plus prudente quant à l'interprétation faite par MarketWatch de ces données, qu'elle souligne que parier contre la France — dans la mesure où un candidat prônant la sortie de la zone euro pourrait l'emporter — c'est parier contre l'Euro lui-même.
« Dans ce contexte-là, on aurait du mal à acheter l'Euro, or ce qu'on constate, c'est que depuis une dizaine de jours, l'euro a plutôt tendance à se réapprécier, notamment contre la devise américaine. »
« La souscription a été massive, on est certainement sous un œil vigilant, mais je ne crois pas qu'il y ait encore d'effet massif en termes de comportement des investisseurs étrangers sur la dette française. »
Si elle exclut tout sentiment de panique sur les marchés pour le moment, Véronique Riche-Florès tient néanmoins à souligner la place que tient l'Asie, « fortement acheteuse de dette européenne et française » dans les rangs des nombreux investisseurs étrangers que compte la France et la difficulté pour ces investisseurs, distants, d'avoir une bonne appréhension de la situation réelle, politique, dans l'hexagone.
« Vu d'Asie, cela doit être assez compliqué de savoir ce qui se trame en France, donc il y a un vrai sujet d'inquiétude. »
Quoi qu'il en soit, ce n'est en tout cas pas la première fois que l'on entend cette petite musique, celle des menaces d'effondrement économique, déjà entendue avant l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche ou la victoire du « Brexit ». Si on accuse régulièrement les candidats de la famille le Pen de jouer sur les peurs, dans le cas présents les premiers à le faire — et ce de manière très concrète — ne seraient-ils pas certains spéculateurs?
Rappelons que parier contre un pays signifie souscrire des produits financiers tels que les trackers dits « inversés », des produits qui évoluent à l'inverse d'indices boursiers: ainsi, si le CAC 40 plonge, le trackers « inversé » dédié va quant à lui grimper en conséquence.
S'il peut paraître compréhensible pour certains de vouloir parier à la baisse dans une telle période, pour celles et ceux qui seraient tentés par les facilités qu'offrent ces produits financiers — démocratisés ces dernières années — leur utilisation nest pas sans risque.
La bourse a toujours été un jeu risqué, mais parier à la baisse l'est encore plus au vu des gains que cela peut générer, même les plus aguerris si brisent les dents, comme Georges Soros, qui en 2014 perdait deux milliards de dollars en pariant sur la baisse du S&P 500. Pas grand-chose pour le célèbre Hedge-Fund du milliardaire américain, mais les petits boursicoteurs n'auront peut-être pas les reins aussi solides…