Littérature pour les alarmistes: les œuvres à lire si les actualités vous font peur

© WikipediaLe Cri, œuvre expressionniste d'Edvard Munch
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Les ventes du roman «1984» de George Orwell ont été multipliées par 200 aux États-Unis en propulsant cette anti-utopie à la première place dans le classement des bestsellers de l’entreprise de commerce en ligne Amazon.

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La semaine dernière, les éditions Penguin qui possèdent les droits d'auteur sur cet ouvrage ont dû imprimer 75.000 exemplaires supplémentaires et commander encore un tirage.

Les médias occidentaux expliquent cet engouement de la demande pour ce roman écrit en 1949 par l'investiture de Donald Trump et ses premières actions en tant que président des États-Unis qui ont confirmé les craintes de certains Américains. Pourtant, c'est en 2013 que la célèbre anti-utopie sur un régime totalitaire a connu un vif regain d'intérêt avec les révélations d'Edward Snowden sur l'espionnage contre les citoyens américains. Cependant, Orwell n'est pas le seul auteur à avoir anticipé dans ses livres les angoisses de la société d'aujourd'hui.

Quel livre recommanderiez-vous aux alarmistes?

«1984» (1949), George Orwell

« Le meilleur des mondes » (1932), Aldous Leonard Huxley

L’anti-utopie satirique d’Aldous Huxley est très populaire dans les pays anglophones, parallèlement à « 1984 ». Son roman « Le meilleur des mondes » décrit la société où la consommation devient un culte.
La famille n’existe plus, les gens sont subdivisés avant leur naissance en castes et cultivés dans des tubes à essai. Les citoyens de cet incubateur stérile s’expriment en employant des slogans publicitaires, ils ne connaissent pas l’amour et craignent l’individualité en réglant tous les problèmes au moyen du soma (breuvage rituel). L’irrespect des règles entraîne l’exil ou le suicide.

« Fahrenheit 451 »(1953), Ray Bradbury

Ceux qui critiquent l’effet néfaste de la télévision relisent sans doute souvent le roman de science-fiction culte de Ray Bradbury. Les chiffres dans le titre du roman signifient la température qui à laquelle le papier s’enflamme.
Le héros principal est un sapeur-pompier chargé d’incendier les maisons où sont conservés les livres. Dans une société où les émotions négatives sont réduites à zéro, on ne regarde que des romans à l’eau de rose insensés sur la « télévision interactive ». Il est interdit de lire et de conserver les livres, la littérature étant une source d’idées critiques.
Le roman est édité en version abrégée pendant plusieurs années aux Etats-Unis en raison de la censure. La version complète du livre n’est publiée que depuis 1980.

« L'Escargot sur la pente » (1966–1968), Arkadi et Boris Strougatski

Le roman de science-fiction des frères Strougatski est composé de deux parties : « L’Administration » et « La Forêt ». Le premier livre est paru en 1966, le second - en 1968. Le roman tout entier n’est édité qu’en 1988.
Deux sociétés différentes vivent côte à côte, chacune d’après ses lois.
Le savant, qui étudie la Forêt et rêve d’abandonner ce monde bureaucratique absurde où il finit par devenir directeur, décrit les absurdités de l’Administration. L’explorateur de la Forêt, victime d’un accident d’hélicoptère qui est tombé dans la jungle essaie, au contraire, de rejoindre les hommes, mais reste en fin de compte avec les indigènes en protégeant leur mode de vie pour qu’il ne soit pas absorbé par l’avenir. Aussi différents qu’ils soient, les deux personnages aspirent à la vérité et refusent toute violence. De telles personnes existent dans toute société, dans n’importe quelle formation politique.

« Ça ne peut arriver ici » (1935), Sinclair Lewis

En plus d’Orwell, voilà encore une œuvre qui est parmi les meilleures ventes aux États-Unis. Le livre est consacré à un sénateur populiste qui gagne les présidentielles en promettant aux citoyens épanouissement économique et en faisant de la propagande du patriotisme, du retour à l’ancienne grandeur et aux valeurs traditionnelles.
Ayant accédé au pouvoir, le locataire de la Maison Blanche établit un régime totalitaire : il prive le Congrès de ses prérogatives, exile les opposants politiques dans des camps de concentration, limite les droits des femmes et des minorités nationales, disperse les manifestants à la baïonnette. Ceux qui s’opposent au régime se réfugient au Canada.
Ceux qui restent soit approuvent les mesures dictatoriales comme inévitables dans la voie vers la renaissance de la grandeur américaine soit se rassurent en répétant : « Cela ne peut arriver ici ».

« Nous autres » (1920), Evgueni Zamiatine

Les célèbres anti-utopies d’Orwell et de Huxley n’auraient pas existé sans le roman d’Evgueni Zamiatine « Nous autres ». Le livre est écrit en pleine guerre civile russe. L’action se déroule dans un avenir lointain, l’humanité vit dans un État centralisé dirigé tous les ans et unanimement par le Bienfaiteur réélu.
Vu le contrôle total de toutes les sphères de la vie, les habitants de l’État perdent leur individualité, ils n’ont même pas de noms, on les distingue d’après des numéros. La fantaisie est broyée lors d’une grande opération, l’« instruction de l’âme » considérée comme une maladie mentale, le bonheur et la liberté sont incompatibles.
Le livre paraît en anglais en 1924, bien avant sa publication dans le pays natal de l’auteur. Le roman influe sensiblement sur la littérature américaine et anglaise du XXe siècle.

 « Le Chantier ou la Fouille » (1930), Andreï Platonov

Le classique du XXe siècle Andreï Platonov écrit son célèbre roman « Le Chantier ou La Fouille » en 1930, mais l’auteur est mort avant sa publication en 1987. Les lecteurs européens ont la possibilité de le lire bien avant les lecteurs russes : le livre paraît en 1969 en Allemagne de l’Ouest et en Grande-Bretagne.
La parabole sociale de Platonov est une satire sans concession inspirée par le premier plan quinquennal soviétique : industrialisation et collectivisation. La construction d’une « maison prolétaire commune » pour une ville utopique de l’avenir s’arrête à l’étape du chantier.
Les réalités grotesques de l’époque sont d’une cruauté et d’une absurdité effrayante. Les ouvriers du chantier finissent par comprendre à quel point leur rêve d’une maison de l’avenir est utopique.

« Le Paradis perdu » (1667), John Milton

Les Américains se souviennent durant les périodes difficiles de désarroi politique du classique anglais John Milton. Son poème épique « Le Paradis perdu » paru au XVIIe siècle demeure tout à fait actuel en 2017. Milton ne se serait sans doute pas imaginé que les utilisateurs des réseaux sociaux opposés au président américain citeraient son œuvre 500 ans plus tard.
« Le Paradis perdu » reflète les péripéties sociales de la Grande-Bretagne au XVIIe siècle. Milton fait référence au sujet biblique du péché originel et décrit d’une manière très expressive Satan et ses démons tout comme les passions politiques dans le monde souterrain.

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