Plutôt que de fixer une tendance à un moment donné, comme le fait un sondage, le pari politique donne le résultat d'une analyse et fait fi de l'aspect partisan du parieur. Chaque candidat se voit fixer une cote, qui donne la probabilité qu'a le candidat de gagner.
« Chaque candidat à l'élection est coté entre 0 et 100. 0 s'il perd, 100 s'il gagne. Tant qu'on ne sait pas s'il a gagné ou perdu, il vaut quelque chose entre 0 et 100 et la valeur est décidée par les parieurs qui achètent et vendent entre eux des actions de chacun des candidats », nous explique Emile Servan-Schreiber, le fondateur d'Hypermind, un site de marché prédictif.
« Emmanuel Macron vainqueur de la présidentielle, ça vaut 42 sur 100. Donc on peut l'acheter à 42. Si on a raison et que Emmanuel Macron gagne, ça vaudra 100 et on aura gagné donc 58. S'il perd, on aura perdu nos 42 ».
Il est suivi par François Fillon, 38 sur 100, et Marine Le Pen 10 sur 100. Si la candidate frontiste n'a quasiment pas bougé d'un iota depuis le début du mois, le Penelopegate a clairement « profité » au fondateur du mouvement « En marche! ».
Ça vient de s'installer. La semaine dernière, c'est Fillon qui était favori. Depuis, on observait la dynamique Macron qui était en croissance; il a maintenant dépassé Fillon, c'est-à-dire que Macron a 42 % de chance de gagner, alors que Fillon n'a plus qu'une chance sur trois. Quant à Marine Le Pen, elle n'a pas du tout profité de "l'effet Fillon". Quant à Hamon et Mélenchon, ils arrivent à peine à 10 % de chance de gagner.
Les sondages sont utiles quand ils ne sont pas complètement faux. On a vu plein d'exemples récents l'année dernière, où plein de sondages faux avaient tendance à induire l'option collective en erreur. Donc les sondages sont pris avec distance. Les sondages sont utiles pour faire une photographie de l'état de l'opinion, peut-être hier, et donc ce n'est pas inutile comme Data (donnée, ndlr) pour le parieur qui, lui, s'occupe de ce qui va se passer demain. Mais ça n'est qu'une source de Data et il y en a plein d'autres.
Mayeul Caire, directeur du site jourdegalop.com, pense qu'effectivement les paris en ligne sont un peu plus fiables que les sondages. Si le bookmaker sert une cote trop élevée, il prend le risque de verser beaucoup d'argent aux parieurs qui ont fait ce choix:
Mais selon lui, le pari politique ressemble davantage à un pari sportif qu'à un pari hippique. Le parieur hippique a tendance à parier sur le cheval dont il sait qu'il gagnera la course. Alors que le pari sportif, est un « pari de supporter », comme dans le pari politique. Il estime que, psychologiquement, il est difficile de parier pour la victoire d'un homme politique dont on pense qu'il gèrera mal le pays.