Plus tôt, le nouveau président américain Donald Trump avait dit que l'Otan était une organisation obsolète, et le premier ministre français Bernard Cazeneuve avait réagi en évoquant la nécessité de créer un système de défense européenne « capable d'assurer l'indépendance de l'Union européenne des États-Unis ».
- De plus en plus de représentants politiques estiment que l'Otan va bientôt s'effondrer. Que pensez-vous des perspectives de création d'une alliance militaire européenne ?
— Premièrement, l'effondrement de l'Alliance suppose une distanciation très claire entre l'UE et les USA. Deuxièmement, la création d'une alliance militaire européenne ne serait possible que si tous les pays de l'UE confirmaient leur volonté de coopérer étroitement, globalement et au même niveau sur les questions de sécurité.
Nous en sommes encore loin. Il ne faut pas oublier que les pays de l'UE n'ont jamais eu de position commune sur les questions de défense, qui restent la prérogative de chaque État.
- Êtes-vous d'accord avec l'affirmation selon laquelle l'Otan est une organisation obsolète ?
— En ce qui concerne la structure de l'organisation et son potentiel militaire, je n'irai pas jusque là. Mais je pense qu'aujourd'hui l'UE doit construire sa propre alliance, qui adopterait des positions plus solides en Europe que l'Otan. On sait que l'Alliance a toujours servi les intérêts américains, depuis les bombardements en Serbie et au Kosovo en 1999 jusqu'aux opérations militaires en Afghanistan. L'Otan, en réalité, limite les mouvements de l'UE.
- Que pensez-vous d'une éventuelle coopération militaire UE-Russie ?
— Si elle était créée, l'alliance militaire européenne devrait coopérer avec la Russie dans plusieurs domaines. Mais je ne fais pas allusion à la création d'une alliance avec Moscou car la Russie a ses propres intérêts et priorités, ainsi qu'une force militaire qui pourrait déséquilibrer cette alliance militaire. Néanmoins, conscients de la nature globale des menaces à la sécurité — qu'il s'agisse des cyberattaques ou du terrorisme — il faut accorder la priorité à une coopération globale sortant du cadre de la protection standard des intérêts. Il ne faut pas oublier que pendant une longue période les États-Unis sont restés nos alliés. L'heure est venue pour que la Russie devienne également notre partenaire privilégié, d'autant que nous nous trouvons sur le même continent.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.