Les réductions fiscales
Donald Trump s'est engagé tant sur des réductions d'impôts que sur un programme de relance budgétaire. De ce point de vue, son programme économique apparaît peu différent de celui de Ronald Reagan quand il fut élu en 1980. Mais, la situation économique des Etats-Unis n'est plus celle des années 1980. Une extrapolation du « reaganisme » n'est donc pas possible. La structure fiscale des Etats-Unis est extraordinairement inégalitaire. Les plus riches, ceux que l'on appelle les « 1% » de la population, concentrent aujourd'hui encore une grande partie des la richesse, qu'elle soit produite ou accumulée, et concentrent aussi une part décisive des exemptions fiscales. L'enjeu du programme de Donald Trump est donc clair. S'il se décidait en faveur d'exemptions favorisant la classe moyenne, ce serait, pour le coup, une véritable révolution. Les différents projets sur lesquels il a communiqué, et en particulier la taxe sur le chiffre d'affaires produits aux Etats-Unis, dans un pays qui ne connaît pas la TVA au niveau fédéral (même si elle existe au niveau des états), pourraient changer significativement la situation fiscale.
L'impact des mesures sur les taux d'intérêts
Mais, si l'on additionne ces deux promesses, les réductions d'impôts et les investissements en infrastructures, on obtient un déficit budgétaire de l'Etat fédéral en forte hausse. Les estimations des économistes le situent actuellement entre 5% et 7% du PIB des Etats-Unis pour l'exercice 2017-2018, car il faut savoir qu'aux Etats-Unis, le budget ne correspond pas à l'année légale. Il commence (et s'achève) en été. Le premier budget qui portera donc l'empreinte de Donald Trump, mais aussi celle des compromis qu'il devra passer avec les Républicains tant au Sénat qu'à la Chambre des Représentants, sera celui de 2017-2018.
Un basculement vers le protectionnisme?
La question du protectionnisme est aussi au cœur des interrogations des politiques et des experts. Car, ce que suggèrent les différents messages envoyés par Donald Trump par l'entremise de Twitter, c'est bien une certaine forme de protectionnisme. Bien sûr, le cadre légal des Etats-Unis a toujours été bien plus protectionniste que celui des pays de l'Union européenne. Rappelons que nous n'avons pas, ni dans le cadre de l'UE ni dans celui de la France, d'équivalent du Buy American Act ou du Small Business Act, qui réserve à des petites entreprises américaines une part des marchés publics. Au-delà donc des messages envoyés par l'entremise de Twitter, Donald Trump a déclaré son opposition aux grands traités de libre-échange, que ce soit le traité trans-pacifique (le TPP) ou que ce soit le TAFTA.
Cette attaque contre la globalisation n'est pas si étonnante que cela. Une étude, datant de 2007, montrait que l'ouverture du marché des Etats-Unis à la concurrence internationale était responsable de la stagnation des salaires dans ce pays. En fait, le libre-échange a été mis en cause par divers grands économistes, de Keynes à Krugman et Rodrick. L'idée que le libre-échange produit un bien-être généralisé a été battue en brèche à de nombreuses reprises. En réalité, le libre-échange est la cause de bien des inégalités au sein des pays développés, mais aussi du chômage et de la destruction des droits économiques et sociaux acquis à la suite de grandes luttes par les travailleurs.
(1) https://russeurope.hypotheses.org/5613
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