Cette semaine, il fait froid à Paris. Le mercure est tombé à —5 degrés, mais avec l'humidité ambiante le ressenti est de —15 degrés. Comment font donc ceux qui restent à la rue pour résister au froid ? Sont-ils assistés par les autorités municipales ? Sputnik s'est rendu Porte de la Chapelle.
En quête d'un toit
Depuis le début de la soirée, les réfugiés attendent devant les portes. Le centre a mis à la disposition des migrants 60 lits supplémentaires, et cette information a le don de nourrir leur espoir. Les portes devaient s'ouvrir vers 19h00, mais il est déjà 22h00 et l'attente dans le froid se fait de plus en plus insoutenable.
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— Sputnik France (@sputnik_fr) 17 janvier 2017
« Je dors dehors depuis un mois et cette nuit il fait particulièrement froid », relate à Sputnik un réfugié, ajoutant que s'il ne trouve pas de place il reviendra demain.
Vers 23h00, coup de théâtre : un bus rempli de migrants s'arrête devant le centre, dissipant les dernières gouttes d'espoir de la foule. Est-ce dans l'attente d'un miracle, mais les réfugiés restent où ils sont. D'ailleurs, s'ils avaient eu où aller, auraient-ils passé des heures à guetter dans le froid.
« C'est très difficile, il fait très froid aujourd'hui : —5 degrés environ. Dans un premier temps, les gens ont besoin d'un endroit chaud pour dormir provisoirement », dit un autre réfugié.
Le Centre pour migrants de porte de la Chapelle offre 60 lits supplémentaires #vaguedefroid https://t.co/WfIjqKJy5L
— Xenia__Sputnik (@XseniaSputnik) 17 janvier 2017
À quelques centaines de mètres du centre, des gens dorment à-même la rue. « Ils amènent des gens à bord d'un bus dans le camp et ici, à quelque 200 ou 300 mètres, des gens dorment en pleine rue. Pourquoi ne récupèrent-ils pas ceux qui attendent ici depuis longtemps », s'interroge-t-il sans cacher son amertume devant le constat que d'autres auront le droit aux lits supplémentaires que lui et ses confrères ont tant attendus.
Cachés sous des couvertures, tremblant de froid, des migrants se serrent contre une barrière de sécurité ouverts aux quatre vents.
« Je suis arrivé en janvier et, comme tous les autres, je continue à attendre un message. Ce que nous voulons actuellement, c'est la justice : entrer à l'intérieur (du camp) », indiqué un réfugié pakistanais. Selon lui, il faut attendre entre 10 et 15 jours le rendez-vous avec la partie responsable, en attendant, il faut rester dans le froid, dans des conditions inhumaines.
Enfin un repas chaud !
Peu de temps après, une aide arrive : deux jeunes à bord d'un véhicule apportent du café et de la soupe. Ils assurent n'appartenir à aucune association et disent juste vouloir tendre la main à ceux qui sont dans le besoin.
Les jeunes hommes racontent être venus la veille pour distribuer une centaine de repas aux migrants. « Aujourd'hui on voulait répéter la même opération. Hier, c'était le riz cantonais, aujourd'hui c'est la soupe (…) le café et le thé. Il fait très froid, même nous nous avons froid, donc au lieu de rester chez soi et de profiter du chaud on vient », explique un jeune volontaire, ajoutant qu'il avait une idée de ce qui se passait Porte de la Chapelle, mais ne pouvait imaginer à quel point c'était atroce.
« Voir des gens coucher sur le sol par —4 degrés, ce sont des choses que nous ne pensions pas voir », ajoute son camarade.
Témoignages au coin du feu
Des réfugiés afghans acceptent de nous montrer l'endroit où dorment encore plusieurs dizaines de migrants. Non loin du centre, sous un pont, ils ont allumé un feu pour se réchauffer un peu. Le Pakistanais Ahmad Zeb se met à raconter son histoire. Après avoir fait des études en sciences politiques dans son pays, il est venu en France dans l'espoir de fournir un soutien financier à sa famille restée au Pakistan. Aujourd'hui son seul rêve est de trouver un abri pour passer la nuit au chaud.
« Nous n'avons pas besoin d'euros ou de dollars, juste un petit endroit chaud et un lit. Nous avons besoin d'un endroit pour vivre avant tout, c'est alors qu'on saura comment ça fonctionne ici et qu'on apprendra la langue. Nous avons besoin d'une opportunité pour le faire », dit-il.
Il témoigne qu'il aurait préféré rester dans son pays au sein de sa famille, mais la réalité dicte ses règles.
Encore un bus, cette fois-ci vide
Comme l'indique Fati, volontaire qui livre une assistance aux réfugiés, souvent les bus emmènent des réfugiés loin de la capitale, dans des abris qui ne sont même pas chauffés. À pieds, les migrants font près de dix heures de marche pour se présenter au rendez-vous avec les autorités municipales.
Fati déplore le traitement des migrants par ces dernières. « Ils se font gazer et matraquer. (…) La plupart sont des ingénieurs en aéronautique, des ingénieurs en informatique, docteurs, kinés, c'est le monde à l'envers », a-t-elle déclaré à Sputnik.
Certains meurent de froid dans la rue, Fati se rappelle du cas de deux Afghans et d'un Soudanais qui sont morts gelés près du centre de la Porte de la Chapelle.
Rempli, le bus se met en marche, laissant sur le trottoir ceux qui n'ont pas eu la chance d'y grimper. Désespéré, un réfugié afghan se met à sangloter. La foule continuera à guetter l'arrivée éventuelle d'un autre bus, comme on attend un miracle.
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