On reste loin du chiffre record de 10 000 personnes entassées dans les conditions insalubres de l'ancienne Jungle. Mais le journal constate que dans « un des six camps cachés » de la région de Calais, « plusieurs dizaines » de migrants arriveraient chaque semaine. Tous des anciens résidents de la Jungle.
Trois mois après le démantèlement de la « Jungle », l'histoire se répète. Contactée par Sputnik, la Préfecture du Pas de Calais répond que « les services de Police et de Gendarmerie n'ont pas constaté la création de nouveaux camps ou de squats dans le Calaisis ».
En revanche, elle ne nie pas l'existence des camps à l'heure actuelle, mais nuance: ils étaient là avant l'évacuation du bidonville. Et leur population, affirme-t-elle, n'a pas bougé. Elle aurait même « diminué depuis le démantèlement du camp de la Lande de Calais ».
Cependant, là où la Préfecture recense trois camps, The Independent, qui cite un bénévole de France Terre d'Asile, en compte six. Et là où la préfecture compte « à peu près 70 migrants » sur le camp de Norrent-Fontes, le quotidien parle de « plus de 120 personnes ».
Sur le terrain, des versions contredisent la Préfecture. Si les camps mentionnés dans le journal britannique ne sont ni secrets ni nouveaux, Claire Millot de l'association SALAM a pu constater que « de tous petits camps » se sont installés loin de la ville: « mais on n'essaie pas trop de savoir. Quand vous avez des camps qui s'installent loin des villes ou des anciens sites, ce sont des tous petits camps, qui essaient de passer inaperçus, car quand la police le sait, elle les démonte. On ne cherche pas à savoir: on attirerait la police en allant visiter ces camps ».
Ne voyant pas leur demande d'asile aboutir pour le Royaume-Uni, une partie des mineurs placés dans des centres revient à Calais. Selon le ministère français de l'Intérieur, près de 2 000 mineurs ont été pris en charge dans des centres d'accueil et d'orientation (CAO). 500 d'entre eux ont depuis été transférés en Grande-Bretagne, les autres restent dans l'expectative.
« Il y a beaucoup de monde qui arrive. Ça c'est évident. Les gens reviennent de CAO, les mineurs en particulier. Ils reviennent car ils ont été très déçus. Ils y sont allés persuadés qu'ils partiraient en Angleterre. Ils se rendent compte qu'ils se sont fait rouler ».
Les pouvoirs publics ne laissent aucun répit aux migrants: « c'est la première fois qu'ils n'ont pas le droit de poser une toile de tente quelque part » estime l'association SALAM. La préfecture a mis en place un dispositif anti-squat, avec six patrouilles. Un hélicoptère de la gendarmerie, équipé de détecteurs thermiques, quadrille la zone. Si la moindre tente implantée en ville est systématiquement « virée », les associations tentent de faire dormir des personnes à l'hôtel.
Quelques calaisiens ouvrent en secret leur porte « par humanité ». Le phénomène n'est pas nouveau, mais il est à plus grande échelle: « Depuis l'élection de François Hollande, on peut accueillir quelqu'un chez soi, on peut le transporter dans sa voiture, à condition de n'en tirer aucun avantage direct ou indirect. Ça soulage les gens qui hébergent, mais ils savent très bien que s'ils sont dénoncés, la police viendra arrêter ceux qui sont chez eux. »
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