Alors que la première ministre britannique Theresa May espère tirer des bénéfices des rapports particuliers de son pays avec l'Union européenne après sa sortie, dont l’accès au marché unique, et dans le même temps contrôler l'immigration en provenance de l'Union, la chancelière fédérale allemande Angela Merkel indique que les négociations ne seront pas basées sur « une approche sélective ».
Jorge Braga de Macedo, président du Tropical Research Institute, professeur d'économie à l'université Nova de Lisbonne, président du Forum Portugal Global, ancien ministre portugais des Finances et membre du comité exécutif de la Commission Trilatérale partage sa vision sur le Brexit, en particulier sur la bataille Merkel vs May et le rôle de la France dans un entretien à Sputnik à l’occasion du Forum Gaïdar de Moscou intitulé « L'Europe après le Brexit ».
Quant à la bataille entre la première ministre britannique et l’ensemble de l’Union européenne, au sein de laquelle la chancelière allemande occupe une position clé, « il est évident qu’essayer de profiter des différences entre Européens est tout à fait inutile », et ceci, même lors d’une année électorale, affirme Finances Jorge Braga de Macedo.
« En ce qui concerne la sortie du Royaume-Uni, on la regrette tous mais on va essayer de faire en sorte que l’Europe ne soit pas divisée et surtout que… la communauté de sécurité de l’Atlantique nord ne soit pas blessée. Comme Mme Merkel partage cette opinion avec Mme May, je ne suis pas aussi inquiet que vous en ce qui concerne les difficultés. Si Mme May exagère dans ces demandes, elle perdra. Evidemment il se passera la même chose de l’autre côté. Les négociations doivent être raisonnables et elles le seront, j’en suis convaincu », assure l’ancien ministre.
Quant au rôle de la France dans le Brexit, M. de Macedo pense que « la France, fondatrice de l’Union européenne, restera fidèle à ses engagements européens. »
Le rôle de l’union franco-allemande sera aussi très important, mais contrairement à de nombreuses prévisions d’analystes, le professeur ne croit pas en une mise à l’écart de Londres.
La France « va y arriver parce que ces deux pays ont également des rapports très proches – aux Nations unies ou au G7, au G20 dont on a parlé ici. Le fait que l’Allemagne et la France soient très proches dans le cadre européen n’empêche pas que la Grande-Bretagne continue à être proche. Comme on a dit ici, c’est 30 km, c’est rien. »
En ce qui concerne les espoirs français de tirer profit du Brexit en attirant des start-ups et en faisant de Paris la nouvelle capitale financière, M. de Macedo émet des doutes quant à sa réalisation, car un pays ne pourra jamais bénéficier d’un grand profit si son voisin traverse une période difficile.
« Quand il y a des problèmes en Angleterre ou au Royaume-Uni, la France a des problèmes aussi et vice-versa. Donc les Européens peuvent avoir des manières très différentes de voir l’Europe mais aucun d’entre eux ne se considère anti-Européen », conclut Jorge Braga de Macedo.