À qui profite l’absence de sondage pour la primaire de la gauche?

© AP Photo / Ariel SchalitSondage: les perceptions et attentes des Français
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Les deux derniers candidats à la primaire de la gauche, Manuel Valls et Vincent Peillon, ont dévoilé mardi matin leurs programmes, moins de trois semaines avant le premier tour, et toujours sans sondage.

Élysée - Sputnik Afrique
À gauche, quel droit d’inventaire… pour quel candidat ?
La primaire de la gauche s'organise en toute discrétion. Après l'avalanche de sondages durant la primaire de la droite et du centre, c'est maintenant silence radio sur les sept candidats socialistes en lice. Il faut dire que les derniers grands sondages politiques n'ont pas été d'une grande perspicacité : rares sont ceux qui ont pu prédire la percée de François Fillon. Comment expliquer ce faible intérêt pour la primaire de la gauche? Durée réduite de la campagne ou manque de commande auprès des instituts?  La primaire de la droite a quelque peu dévoyé l'outil, estime Henri Rey, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences Po.

« Ceux qui s'appliquaient à la primaire de la droite ont mis du temps à restaurer la confiance dans l'instrument. En constatant que c'est dans la toute dernière période qu'on a vu apparaitre, émerger, se renforcer la candidature Fillon alors que pendant des semaines, des mois même, triomphait la perspective d'une candidature Juppé. Voire même, d'un retour de Nicolas Sarkozy. Donc c'est vrai que l'instrument sondage, certains quotidiens, je pense au Parisien, ont décidé de moins y recourir dans leur travail d'information. Cet instrument-là a été un peu démonétisé par la primaire de la droite ».

Manuel Valls - Sputnik Afrique
Selon Valls, sa «candidature est une révolte», son objectif de «renverser les pronostics»
Le silence des candidats et la non-mobilisation des instituts de sondage auront-ils un impact sur la mobilisation? Difficile de savoir si la participation englobera un contour élargi du parti socialiste ou ira puiser plus largement dans les rangs de la gauche. Certains dossiers pourraient aussi contribuer  à éloigner les électeurs, comme l'affaire des 80 000 euros d'Arnaud Montebourg ou la volonté soudaine de Valls de supprimer l'article 49.3 alors qu'il l'a utilisé 6 fois. « Quant à Vincent Peillon, sa candidature, bricolée à la dernière minute, suscite plus d'interrogations que d'adhésion », note la journaliste Christelle Bertrand sur Atlantico. Ce dernier est davantage « un candidat qui concoure pour l'honneur », estime Marc Crapez, chercheur en science politique:

« Il y en a un qui le fait vraiment pour la gagne, comme on dit familièrement. Et l'autre pour témoigner et ne pas se faire oublier, et éventuellement pour se faire adouber comme ministre. Sur le plan idéologique, il n'y a pas grosse différence, c'est un peu deux personnalités qui viennent des étudiants antifascistes, des hostilités au FN, de la social-démocratie. Ils ne sont pas pour des solutions anti-européennes ou des propositions audacieuses sur le plan économique. Ils ont la même base de raisonnement, le même ADN social-démocrate centre gauche, pas de différence de ce point de vue-là ».

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La gauche française navigue toujours à vue
Les distinctions entre Manuel Valls et Vincent Peillon sont plus difficile à établir. Contrairement à ce que l'on peut voir à l'intérieur même des candidats du parti socialiste entre Benoit Hamon et Manuel Valls ou encore entre Arnaud Montebourg et Manuel Valls. Vincent Peillon était ministre de l'Éducation de 2012 à 2014 dans le gouvernement Ayrault. Manuel Valls a démissionné en décembre de son poste de Premier ministre pour se consacrer à la présidentielle. Tous deux « ont appartenu dans le passé à la même équipe de campagne de Ségolène Royale ». Vincent Peillon n'aura cependant pas à opérer la même contorsion que Manuel Valls pour prétendre à une rupture d'avec le bilan de François Hollande.

« Ce n'est pas quelqu'un qui est, comme Benoit Hamon ou Arnaud Montebourg, dans une position un peu de frondeur sur un plan de politique économique, parce qu'il est assez proche de Manuel Valls pour un programme social-démocrate. […] Ce n'est pas comme Hamon ou Montebourg, qui sont à la gauche du parti, qui préconise le discours traditionnel du parti : projet de transformation social radical, bâtir un éco-socialisme, une alter-Europe. […]. Tout ce jargon ne fait pas partie du bagage de Valls et de Peillon », conclu Marc Crapez.

Pour le chercheur en science politique, ces deux candidats sont les plus « intellectuels de tous les candidats socialistes » et leur rivalité relève surtout d'une prétention « théorique ». Les sept candidats devront se démarquer durant les trois débats télévisés qui arrivent presque coup sur coup, les 12, 15 et 19 janvier prochains. Reste à savoir si les spectateurs seront au rendez-vous, avec ou sans sondage ?

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