Car dans le même temps, Israël et l’administration américaine sont à couteaux tirés après l’affaire de la résolution de l’ONU sur la colonisation en Cisjordanie…
Je cite le Figaro :
“le président russe Vladimir Poutine a confirmé ce jeudi un accord entre Damas et les rebelles sur un cessez-le-feu et des négociations de paix.
Lors d'une rencontre avec ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères, il a expliqué que trois documents avaient été signés: le premier “entre le gouvernement syrien et l'opposition armée sur le cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire syrien”, le deuxième sur la mise en place de mesures visant à contrôler le respect de la trêve. Le troisième est selon lui “une déclaration de la volonté (des parties au conflit, ndlr) de lancer des négociations de paix sur le règlement syrien.”
“Quelques minutes plus tard, le ministre turc des Affaires étrangères a à son tour annoncé le cessez-le-feu, dont la Turquie et la Russie se portent garantes”
Ces annonces sont hautement symboliques.
Recep Erdogan et Vladimir Poutine ont infligé aux chancelleries occidentales un camouflet à la hauteur du mépris avec lequel leur pays respectifs ont été traités. Notamment la Turquie, par rapport à l’Union Européenne, qui la “ballade” depuis plus d’un demi siècle avec la négociation sur une adhésion qui n’a de toute manière plus aucun sens, et qui passe son temps à lui faire la leçon.
Mr Erdogan n’est peut être pas très fréquentable pour les droit-de-lhommistes, mais il est incontournable. Son autorité sort renforcée après la tentative – mal élucidée — de coup d’état de l’été 2016, et son armée est la meilleure de la région. Belle leçon de Realpolitik…
Cerise sur le gâteau, très symbolique également, les accords entre les diverses parties devraient être signés… ni à Genève, ni à Paris, mais… à Astana, au Kazakhstan ! les occidentaux d’ailleurs, et Washington en particulier, ne sont même pas conviés. Histoire de montrer, bien sûr, que cette région peut régler ses problèmes “entre voisins”.
Les Occidentaux se sont trompés, d’analyse, de diagnostic, d’époque…
Sur la crise syrienne, les occidentaux ont joué. Un jeu très dangereux. Et ils ont perdu.
Tant mieux, d’ailleurs.
Car Il faut bien dire que, si les occidentaux avaient eu les mains libres, Bachar Al Assad aurait été renversé, et la Syrie serait aujourd’hui un Califat de l’Etat Islamique, avec un nouveau “la valise ou le cercueil” en perspective pour les chrétiens de Syrie et autres Alaouites. Puis, ensuite, une nouvelle base opérationnelle pour aller porter la mort islamique dans l’Europe toute proche.
Quant à la France, elle fait pitoyable figure dans cette affaire.
Elle a rompu avec sa longue tradition diplomatique, pourtant sage et bien avisée, qui consistait à reconnaître les états et pas les régimes. Autrement dit, on discutait même avec le Cambodge des Khmers rouges… Elle s’est fourvoyée et ridiculisée dans cette affaire. Son alignement absurde sur des intérêts qui ne sont pas les siens, ne lui a apporté au final qu’un affaiblissement diplomatique préoccupant, et bien sûr aucun avantage. C’est toujours le cas lorsque l’on mise sur le mauvais cheval.
Malheureusement les occidentaux se sont trompés d’époque. Ce qui fût, hélas, possible à l’époque de la guerre en Yougoslavie ne l’est plus aujourd’hui. Le rapport des forces à changé. Hillary Clinton, et toute l’administration Obama avaient cru pouvoir refaire le sinistre jeu qu’avait pratiqué son mari Bill, 20 ans plus tôt avec le dépeçage des Balkans puis le Kosovo: nouvelle erreur. Les redoutables missiles S-300 et S-400 notamment, ont totalement changé la donne stratégique : fini, l’invulnérabilité de facto dont bénéficiait l’aviation occidentale sur les divers théâtres d’opérations depuis les années 90. Et il n’y a rien de pire dans un conflit que de surestimer ses propres forces et de vouloir rejouer la guerre précédente…
Alors maintenant que les jeux sont largement faits, on pourra toujours pleurnicher contre le méchant Vladimir Poutine et le méchant Bachar El Assad… mais ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire.
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