Dimanche 25 décembre, c'est un charnier contenant 21 corps, dont ceux de cinq enfants et cinq femmes, qui a été découvert dans les quartiers Est d'Alep, ceux-là mêmes qui ont été récemment repris aux combattants rebelles. Des corps, dont ceux de 5 enfants et de 5 femmes, pour beaucoup torturés et mutilés, qui présentaient tous une similitude: un orifice de balle dans la nuque.
Une découverte macabre, froidement accueillie par la presse française. Si l'élément trouve bien un écho dans une dépêche AFP reprise par le Figaro, RFI ou le Point, l'information demeure sobre et concise et est mise en parallèle avec les « crimes contre l'humanité » dont sont accusées les autorités syriennes. On est bien loin des articles alarmistes ou scandalisés de ces dernières semaines sur Alep, ou sur la Syrie de manière générale, dès lors que la responsabilité des autorités syriennes est mise en jeu.
Cette fois-ci l'impartialité semble de mise, c'est « l'agence officielle Sana » qui « impute » la responsabilité de ces exactions aux rebelles… Le doute plane sur ces informations officielles d'avantages que sur les tweets d'une fillette de 7 ans. Peut-être que notre presse nationale applique à ces informations l'adage qui veut que la vérité sorte de la bouche des enfants.
Un charnier qui s'ajoute à d'autres. Lundi, le ministère de la Défense russe avait souligné que « des charniers contenant des dizaines de Syriens ayant été exécutés sommairement et ayant subi des actes sauvages de torture ont été découverts », témoignant ainsi des exactions commises dans la partie d'Alep administrée par les rebelles.
Précisant que « la plupart ont été tués d'une balle dans la tête, beaucoup de corps ne sont pas entiers » le général Igor Konachenkov, Porte-parole du ministère russe de la Défense, a pour sa part déclaré que ces exactions — vraisemblablement réalisées quelques heures avant la reprise de la ville par l'armée régulière — seront documentées « pour que les protecteurs européens à Londres et à Paris des soi-disant opposants prennent conscience de qui sont leurs protégés et qu'ils reconnaissent leur responsabilité dans la cruauté » des rebelles.
Avec ces révélations, n'est-ce pas une image idéalisée du rebelle qui s'en trouve écornée? Notamment lorsqu'on écoute ce témoignage d'une habitante d'Alep-Est, recueilli par nos confrères de Sputnik Arabic:
Pour rendre compte de ce soudain désintérêt pour la situation à Alep, nous avons tenté de joindre plusieurs rédactions, qu'il s'agisse de France 2 ou de France Info, aucune n'a donné suite à nos demandes. Seuls quelques journalistes, à l'image d'Yves Calvi, se demandent s'ils ne se sont pas fait « enfumer ».
Mercredi 21 Décembre, sur le plateau de LCI, il réagissait aux propos de son invité, Eric Denecé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) « C'est extrêmement grave ce que vous nous dites, parce que cela veut dire que nous participons d'une façon ou d'une autre à la naissance des djihadistes et des assassins de demain. »
Un invité, qui déplorait les effets pervers de la « falsification complète de la réalité » en Syrie et plus particulièrement à Alep « Il y a quelque chose d'extrêmement dangereux: pour un jeune islamiste, la façon dont les occidentaux présentent la crise d'Alep est une motivation pour passer à l'action. »
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