Un financement destiné à ce que l'accueil des réfugiés se fasse loin de ses frontières, juge Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère français de la Défense: « L'Arabie saoudite a très peur pour sa société intérieure de l'arrivée de réfugiés qu'elle ne connait pas, qu'elle ne contrôle pas ou avec beaucoup de difficulté ».
L'Arabie saoudite a une attitude très ambigüe à l'égard des réfugiés. Le mur « anti-djihadiste » qu'elle construit à sa frontière avec l'Irak est révélateur de son double discours: si elle craint que des terroristes soient cachés parmi les réfugiés, elle essaie surtout de les refouler loin du royaume: « L'Arabie saoudite construit un mur à la frontière, pour empêcher justement les pénétrations de réfugiés. Officiellement de djihadistes, mais aussi de réfugiés. […] Ce mur est plus long que le mur israélien dans les territoires occupés. Donc, c'est un pays qui a un discours et une pratique ».
L'initiative saoudienne intervient après la reprise d'Alep par les troupes de Bachar el-Assad et l'évacuation de plusieurs dizaines de milliers de civils et rebelles. L'Arabie saoudite, qui a soutenu les rebelles dans leurs combats contre les troupes gouvernementales, a subi un revers avec la reprise d'Alep, deuxième ville de Syrie et dernier bastion des rebelles. Les pays du Golfe voient donc leur influence diminuer dans la résolution du conflit. « La destinée de la Syrie n'est plus entre leurs mains », estime Mathieu Guidère, expert du Moyen-Orient et professeur à l'université de Toulouse, interrogé par l'AFP.
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