L'Arabie saoudite préfère payer plutôt que d’accueillir des réfugiés

© AFP 2024 BULENT KILIC Migrants board an inflatable boat to reach the Greek island of Kos, early on August 19, 2015, near the shore of Bodrum, southwest Turkey.
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Riyad vient d'annoncer la levée de plusieurs millions de dollars destinée à l'accueil dans d'autres pays des réfugiés syriens, notamment ceux d'Alep.

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Peu disposée à accueillir des réfugiés chez elle, l'Arabie saoudite a débloqué des fonds pour financer leur accueil chez les autres. Le riche pays du Golfe a annoncé le lancement mardi 27 décembre d'une campagne visant à collecter des fonds pour « nos frères syriens, en particulier les déplacés d'Alep ».

Un financement destiné à ce que l'accueil des réfugiés se fasse loin de ses frontières, juge Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère français de la Défense: « L'Arabie saoudite a très peur pour sa société intérieure de l'arrivée de réfugiés qu'elle ne connait pas, qu'elle ne contrôle pas ou avec beaucoup de difficulté ».

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Sans préciser si ces fonds seront destinés aux civils ou aux combattants, ni combien de réfugiés sont concernés par cette prise en charge providentielle, l'Arabie saoudite fait ce qu'elle fait le mieux: payer. Les autorités saoudiennes ont alloué la somme de 35 millions d'euros pour le lancement de cette campagne, a fait savoir l'agence de presse officielle du royaume. Régulièrement dénoncés pour leur politique d'accueil « à la carte » des réfugiés, contraire aux critères internationaux, les Saoudiens ripostent à coup de pétrodollars: « Quand ils se sentent en difficulté, quand on les met en accusation, ils donnent de l'argent. Alors, ils en accueillent quelques-uns, des sunnites, triés sur le volet, auxquels ils offrent de bonnes conditions. Et ils se vantent d'avoir accueilli des sunnites pour expliquer que eux aussi participent à l'accueil des réfugiés ».

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Environ 4,5 millions de réfugiés syriens se trouvent actuellement dans les pays périphériques: selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies, ils sont 2,7 millions en Turquie, 1 million au Liban et 600 000 en Jordanie. L'Arabie saoudite affirme avoir accueilli environ 2,5 millions de Syriens, mais qu'elle n'a jamais répertoriés: « Pourquoi l'Arabie saoudite n'accepte pas les réfugiés? Parce qu'ils ne veulent pas prendre de chrétiens, de yézidis, de chiites. C'est du racisme, si vous voulez ».

L'Arabie saoudite a une attitude très ambigüe à l'égard des réfugiés. Le mur « anti-djihadiste » qu'elle construit à sa frontière avec l'Irak est révélateur de son double discours: si elle craint que des terroristes soient cachés parmi les réfugiés, elle essaie surtout de les refouler loin du royaume: « L'Arabie saoudite construit un mur à la frontière, pour empêcher justement les pénétrations de réfugiés. Officiellement de djihadistes, mais aussi de réfugiés. […] Ce mur est plus long que le mur israélien dans les territoires occupés. Donc, c'est un pays qui a un discours et une pratique ».

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Le royaume fournira des vivres et des médicaments et établira un camp pour accueillir et soigner les blessés, a ajouté l'agence sans préciser où sera installé ce camp, selon l'AFP. L'Arabie saoudite « dit ce qu'elle fait, mais on ne comprend pas quelle est l'utilisation finale de ce qu'elle fait », conclue Pierre Conesa.

L'initiative saoudienne intervient après la reprise d'Alep par les troupes de Bachar el-Assad et l'évacuation de plusieurs dizaines de milliers de civils et rebelles. L'Arabie saoudite, qui a soutenu les rebelles dans leurs combats contre les troupes gouvernementales, a subi un revers avec la reprise d'Alep, deuxième ville de Syrie et dernier bastion des rebelles. Les pays du Golfe voient donc leur influence diminuer dans la résolution du conflit. « La destinée de la Syrie n'est plus entre leurs mains », estime Mathieu Guidère, expert du Moyen-Orient et professeur à l'université de Toulouse, interrogé par l'AFP.

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