Le nouveau chef du gouvernement est perçu comme un opposant aux sanctions antirusses. La semaine dernière, le service de presse du ministère des Affaires étrangères de l'Italie (que dirigeait encore Paolo Gentiloni) annonçait: "L'Italie a toujours été d'avis que les sanctions n'étaient pas irréversibles".
En novembre, lors d'un déplacement à Tbilissi, Paolo Gentiloni avait également déclaré que pour l'UE et l'Otan il était "important de préserver les relations avec la Russie". Cette approche italienne de la nécessité d'un dialogue avec Moscou n'était pas "partagée par tous", "mais aujourd'hui de plus en plus de pays sont de cet avis", avait-il alors souligné.
En octobre, dans une conférence conjointe avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg à Rome, Gentiloni a également déclaré que l'accroissement de la présence de l'Otan à l'Est des frontières de l'Europe "n'était pas une politique d'agression" envers la Russie.
Tout de même, Gentiloni a toujours mené une ligne très modérée, y compris par rapport à la crise ukrainienne: fin 2014 dans une interview au Corriere della Sera le chef de la diplomatie soulignait qu'il fallait garantir l'indépendance de l'Ukraine, mais que la crise survenue ne pouvait pas être réglée par les sanctions antirusses. Au contraire, disait-il, il fallait assurer à la Russie la garantie de ses intérêts, notamment en empêchant l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan.
"L'Italie subit une forte influence des USA. Nous sommes incapables de changer quelque chose nous-mêmes. Au poste de ministre des Affaires étrangères, Gentiloni était dépendant de la politique étrangère américaine, et l'Italie a maintenu les sanctions contre la Russie. Dans le même temps son activité pour l'établissement de relations russo-italiennes positives était globalement positive. C'est maintenant au poste de premier ministre qu'il devra poursuivre la construction de ces relations", estime le politologue.
La composition du nouveau gouvernement reste pratiquement identique au précédent: tous les principaux ministres ont conservé leur poste. "Au fond ce nouveau gouvernement est une copie du cabinet de Matteo Renzi. Certains analystes supposaient qu'après sa démission c'est un premier ministre hors parti et "technique" qui serait nommé, or Gentiloni est un homme politique actif, membre du parti démocrate et sympathisant de Renzi", souligne Ivan Marino. Il rappelle également qu'en conservant le poste de secrétaire du parti démocrate, Renzi "continuera d'influencer la politique du pays".
L'opposition parlementaire (le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi, le mouvement 5 étoiles, la Ligue du Nord et d'autres) voit le cabinet de Gentiloni comme un "gouvernement provisoire" et insiste sur la tenue d'élections anticipées. Et d'après les politiciens et les experts, ces élections devraient porter au pouvoir la droite d'opposition et la gauche eurosceptique. Les partis mentionnés prônent également l'annulation unilatérale des sanctions antirusses.
Selon les experts, le gouvernement de Gentiloni tiendra quelques mois, du moins jusqu'au sommet du G7 prévu fin mai en Sicile.
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