Autrement dit, le représentant du Pentagone James Foggo avertit officiellement l'Europe d'une augmentation quantitative et qualitative de la présence navale américaine en mer Noire, où personne n'a pourtant invité les Américains. Les conséquences négatives sont parfaitement prévisibles.
Сela ne semble pas gêner les Américains, qui ont l'intention de projeter plus activement leurs forces en Europe, à l'encontre de l'opinion publique et en violation des normes juridiques internationales.
À quoi faut-il s'attendre?
La 6e flotte (méditerranéenne) des USA est composée de six groupes opérationnels. A l'exception de l'état-major, des services de logistique et du vaisseau amiral Mount Whitney, elle regroupe des navires, des avions et des unités d'infanterie de marine qui partent en mission en Méditerranée pour une durée de six à huit mois.
La base de la 6e flotte se compose d'une unité opérationnelle avec un ou deux porte-avions, deux croiseurs lance-missiles, 16 frégates et destroyers. La flotte dispose de sous-marins, de navires de débarquement avec l'infanterie de marine, ainsi que d'un grand nombre de bases navales, de centres logistiques (Gaète, Naples, La Maddalena, La Spezia, Tarente, Brindisi, Augusta, Rota) et de bases aériennes en Espagne, en France, en Italie, en Grèce, en Turquie et dans d'autres pays de l'Otan.
La zone de responsabilité de la 6e flotte s'étend sur la Méditerranée et la mer Noire, les eaux adjacentes de l'Atlantique et le littoral africain (golfe de Guinée).
Pour un contrôle efficace des activités de la marine et de l'infanterie de marine dans ce vaste espace géographique, le navire de commandement Mount Whitney est utilisé pour ses équipements de transmission et de renseignement.
En général, les eaux près de la Crimée sont « patrouillées » par des destroyers de classe Arleigh Burke tractant des missiles de croisière Tomahawk.
Dans le cadre de la Convention de Montreux, les navires de la 6e flotte peuvent entrer en mer Noire pour trois semaines maximum (hormis les porte-avions complètement interdits de présence). Cependant, les Américains ont enfreint à plusieurs reprises ces délais, ce que la Russie a reproché à ses partenaires via le ministère des Affaires étrangères sans employer la force militaire sous aucune forme. Les alliées de l'Otan et d'autres pays mouillés par la mer Noire ont simplement fermé les yeux. Le vice-amiral Foggo a probablement eu l'illusion d'une impunité totale même en cas de présence de quatre mois d'un groupe naval de la 6e flotte en mer Noire.
La flotte russe de la mer Noire, dans sa zone de responsabilité, surveille attentivement les navires de la 6e flotte américaine. C'est pourquoi dans une interview le vice-amiral Foggo a noté qu'en mer Noire les navires américains étaient « attendus par un navire de guerre russe dans neuf cas sur dix ». La Russie intercepte également les intrus qui survolent la zone, comme ce fut le cas en septembre avec l'avion de reconnaissance américain P-8 Poseidon.
Si Washington a conscience du sérieux des intentions russes au Moyen-Orient, il doit clairement s'imaginer les conséquences d'une présence illimitée de navires américains en mer Noire à proximité des frontières russes.
En comptant sur la force et l'agilité dans la zone entre le compromis et la confrontation, le Pentagone augmente continuellement le risque d'affrontement militaire direct avec la Russie.