Comment fonctionne la désinformation ?

© AFP 2024 NELSON ALMEIDAPeople stand before screen displays at the Football Museum in Sao Paulo on 29 September 2008.
People stand before screen displays at the Football Museum in Sao Paulo on 29 September 2008. - Sputnik Afrique
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« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » affirmait Francis Bacon au XVIe siècle. Le principe est toujours valable et désormais étayé par de nombreuses études scientifiques. La répétition du mensonge le transforme en vérité pour le public, c’est même l’une des bases de la désinformation.

Selon plusieurs études scientifiques, même le mensonge le plus flagrant finit par sembler véridique s'il est assez répété et repris par différentes sources. Alors que le grand public est submergé par un flux d'informations provenant des journaux, des magazines, mais aussi de la télévision et d'Internet, le problème se pose très sérieusement. La course présidentielle aux États-Unis est un modèle du genre. Le journaliste américain Craig Silverman a notamment découvert que les 20 « meilleures » fausses histoires autour de la campagne s'étaient retrouvées à la Une des 19 publications les plus influentes.

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L'un des pièges de la désinformation et du mensonge est qu'ils font le plus souvent appel aux espoirs et aux peurs du public. Certains pourraient penser qu'ils ne se tomberont jamais dans le panneau, mais la réalité dément leurs illusions: en 1940 déjà, les psychologues avaient découvert que plus la rumeur était répétée, plus elle finissait par ressembler à la vérité. Les chercheurs l'associaient au fait qu'en naissant comme un timide soupçon, cette fausse information allait d'une personne à l'autre pour prendre de plus en plus d'ampleur et gagner finalement le statut d'« opinion publique ».

Cette théorie de la naissance de la « vérité » a été confirmée par une étude menée en 1977 auprès d'étudiants. Les volontaires étaient interrogés pour savoir s'ils jugeaient véridiques les informations qu'ils entendaient. Puis les affirmations fausses étaient répétées après un certain délai. Il s'avérait qu'un tel « traitement préalable » suffisait à augmenter la probabilité de croyance dans un fait.

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En 2015, Liza Fazio et son équipe de l'université de Vanderbilt, aux États-Unis, ont réalisé une autre expérience sur des étudiants. Ils ont découvert que même si les participants savaient à l'avance qu'une affirmation était fausse, ils étaient enclins à y croire après une répétition continuelle.

Plus le flux d'information grandit, plus le nombre de fausses nouvelles augmente. Et malheureusement, les jeunes, qui manquent d'expérience dans la vie, sont l'un des groupes à risque dans ce cas de figure. Il existe très peu de preuves tangibles qu'avec le progrès général de l'humanité, ce groupe d'âge aurait commencé à mieux distinguer le vrai du faux.

(FILES) This file photo taken on February 16, 2016 shows new recruits taking part in a shooting training session at a camp in a rebel-held area of the northern city of Aleppo before fighting along with opposition fighters. A single road connects the rebel areas of eastern Aleppo to Turkey. - Sputnik Afrique
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Malheureusement, il ne faut pas trop compter sur le filtrage des fausses informations de la part de géants comme Facebook et Google. On a découvert récemment que le freelanceurs de Facebook prenait en moyenne 10 secondes pour décider de filtrer un contenu. C'est visiblement très peu pour juger de l'authenticité d'un article ou d'une vidéo.

Par conséquent, quoi qu'il arrive, avant de croire une affirmation, il faudrait toujours vérifier soi-même son authenticité. Le meilleur moyen consiste à rechercher l'auteur, la source initiale. Souvent, les sites douteux utilisent les particularités stylistiques et même des noms de grands médias, mais la grande majorité de ces histoires est généralement trop grossière ou choquante pour être crédible. Enfin, très souvent, un grand nombre de ces articles de désinformation est dénoncé sur d'autres sites spécialisés dans la recherche d'intox sur Internet.

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Si l'on sait que les médias sont enclins à profiter des faiblesses humaines, quid de la crédulité du public? Les psychologues cherchent inlassablement à savoir pourquoi les gens se laissent berner. Et l'âge n'est pas l'unique explication. Les fausses informations ne sont pas les seules à pénétrer dans nos consciences pour y germer. On constate parfois le même phénomène avec des faits autobiographiques et en l'occurrence, le cerveau humain fixe lui-même cette fausse information dans la conscience par la répétition.

C'est ce qu'a prouvé l'étude de l'équipe internationale de chercheurs dirigée par Alan Scoboria de l'université de Windsor (Canada). 400 volontaires se sont ainsi vu « implanter » de faux souvenirs. D'après un communiqué de presse officiel de l'université de Warwick, 53 % des participants à l'expérience, après avoir imaginé à plusieurs reprises des choses qui ne leur étaient pas arrivées en réalité, commençaient à supposer qu'ils avaient réellement vécu ces événements imaginaires.

Les travaux se poursuivent activement dans ce domaine et compte tenu de la profonde prédisposition flagrante des hommes à prendre des informations non vérifiées trop à cœur, les psychologues nous mettent en garde contre les conclusions hâtives tirées de ces dernières.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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