Désinformation: la presse US est morte en Syrie

© AFP 2024 KARAM AL-MASRI(FILES) This file photo taken on February 16, 2016 shows new recruits taking part in a shooting training session at a camp in a rebel-held area of the northern city of Aleppo before fighting along with opposition fighters. A single road connects the rebel areas of eastern Aleppo to Turkey.
(FILES) This file photo taken on February 16, 2016 shows new recruits taking part in a shooting training session at a camp in a rebel-held area of the northern city of Aleppo before fighting along with opposition fighters. A single road connects the rebel areas of eastern Aleppo to Turkey. - Sputnik Afrique
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Les médias des Etats-Unis induisent en erreur leur audience et mentent à l'instar de leurs autorités, estime un politologue américain.

La couverture de la guerre en Syrie constituera l'une des pages les plus honteuses de l'histoire de la presse américaine, écrit le Stephen Kinzer, de l'Institut Watson d'études internationales de l'Université de Brown, dans le Boston Globe.

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L'exemple le plus récent de cette conduite est la couverture des évènements à Alep. Ces dernières semaines, l'armée syrienne, soutenue par l'aviation russe, a commencé à évincer les terroristes qui contrôlaient la ville depuis trois ans. Leur arrivée a été marquée par des massacres. Ils avertissaient les habitants qu'il ne fallait pas envoyer leurs enfants à l'école, sous la menace de "recevoir des cercueils à leur domicile". Les terroristes détruisaient les usines, en espérant recruter les gens qui ont perdu leur travail, et remettaient les équipements à la Turquie.

En réponse à l'offensive de l'armée syrienne, les terroristes, soutenus par la Turquie et l'Arabie saoudite, ont récemment tiré des missiles non guidés sur les quartiers résidentiels. Cependant, ce n'est que grâce aux troupes gouvernementales syriennes et de leurs alliés que "les habitants d'Alep ont finalement vu une lueur d'espérance", rappelle l'auteur.

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"Mais tout cela ne s'inscrit pas dans la grille de lecture de Washington. Résultat: la plupart des éditions américaines communiquent des "faits" contraires à ce qui se passe en réalité. De nombreuses publications indiquent qu'Alep a été pendant trois ans une "zone libérée" et que maintenant, elle souffrira à nouveau", note le politologue.

Les médias américains racontent que la lutte contre le régime du président Bachar el-Assad et ses alliés en la personne de la Russie et de l'Iran est une cause noble. Les citoyens américains sont censés espérer que la "coalition vertueuse composée d'Américains, de Turcs, de Saoudiens, de Kurdes et de l'opposition dite "modérée" l'emporte". Il s'agit d'un "ingénieux mensonge", mais on ne peut pas blâmer les Américains ordinaires qui y croient. Ils n'ont quasiment pas d'information réelle sur les parties belligérantes, leurs objectifs et leur tactique. La responsabilité incombe pour beaucoup aux médias américains, estime Stephen Kinzer.

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Les difficultés financières ont poussé les médias aux Etats-Unis à réduire le nombre de correspondants à l'étranger. Les journalistes rédigent souvent leurs textes concernant les événements dans le monde en restant à Washington. Les reporters en Syrie reçoivent leurs informations du Pentagone, du Département d'Etat, de la Maison blanche et d'"experts". Ayant eu l'impression d'avoir fait le plein d'information, les journalistes rédigent des nullités qui sont présentées comme des actualités syriennes. De leur côté, les correspondants travaillant dans la zone des hostilités essaient de contrecarrer cette façon de couvrir les événements en Syrie. Mais leurs voix se perdent dans la cacophonie informationnelle, souligne l'expert.

Par exemple, les journalistes à Washington assurent leurs lecteurs que le groupe Front al-Nosra est composé d'"insurgés" ou de membres de l'"opposition modérée" mais omettent de préciser qu'il s'agit d'une filiale syrienne d'Al-Qaïda. L'Arabie saoudite est présentée comme une assistante des champions de la liberté en Syrie, alors qu'en réalité, elle sponsorise l'Etat islamique.

Les lecteurs américains ignorent également que des "itinéraires" sont ouverts en Turquie pour les combattants étrangers souhaitant rejoindre les terroristes en Syrie. D'autre part, "tout ce que font en Syrie la Russie et l'Iran est présenté comme une déstabilisation, pour la bonne et simple raison que c'est eux qui le font — et que telle est la ligne politique de Washington", estime le politologue.

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Pour leur part, les hommes politiques américains n'hésitent pas à recourir à la désinformation dans le cadre de leur campagne électorale également. Ainsi, l'ex-secrétaire d'Etat Hillary Clinton vient de déclarer que le plan onusien de règlement du conflit syrien avait été élaboré à l'initiative des Etats-Unis. En réalité, cependant, c'est tout le contraire. En 2012, les Etats-Unis, la Turquie, l'Arabie saoudite et Israël ont "anéanti" sans encombre le plan de paix du secrétaire général de l'Onu Kofi Annan car celui-là prévoyait d'impliquer l'Iran dans le règlement syrien et de maintenir au pouvoir Bachar el-Assad, ne serait-ce que provisoirement, rappelle Stephen Kinzer.

Les hommes politiques déforment régulièrement leurs actes passés, et les gouvernements cherchent traditionnellement à promouvoir leurs propres intérêts. Mais les journalistes, eux, sont censés "rester à l'écart des élites politiques et de leur hypocrisie innée". Pour ce qui est de la Syrie, les journalistes américains ont essuyé un échec total, condamne l'expert.

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