La couverture de la guerre en Syrie constituera l'une des pages les plus honteuses de l'histoire de la presse américaine, écrit le Stephen Kinzer, de l'Institut Watson d'études internationales de l'Université de Brown, dans le Boston Globe.
En réponse à l'offensive de l'armée syrienne, les terroristes, soutenus par la Turquie et l'Arabie saoudite, ont récemment tiré des missiles non guidés sur les quartiers résidentiels. Cependant, ce n'est que grâce aux troupes gouvernementales syriennes et de leurs alliés que "les habitants d'Alep ont finalement vu une lueur d'espérance", rappelle l'auteur.
Les médias américains racontent que la lutte contre le régime du président Bachar el-Assad et ses alliés en la personne de la Russie et de l'Iran est une cause noble. Les citoyens américains sont censés espérer que la "coalition vertueuse composée d'Américains, de Turcs, de Saoudiens, de Kurdes et de l'opposition dite "modérée" l'emporte". Il s'agit d'un "ingénieux mensonge", mais on ne peut pas blâmer les Américains ordinaires qui y croient. Ils n'ont quasiment pas d'information réelle sur les parties belligérantes, leurs objectifs et leur tactique. La responsabilité incombe pour beaucoup aux médias américains, estime Stephen Kinzer.
Par exemple, les journalistes à Washington assurent leurs lecteurs que le groupe Front al-Nosra est composé d'"insurgés" ou de membres de l'"opposition modérée" mais omettent de préciser qu'il s'agit d'une filiale syrienne d'Al-Qaïda. L'Arabie saoudite est présentée comme une assistante des champions de la liberté en Syrie, alors qu'en réalité, elle sponsorise l'Etat islamique.
Les lecteurs américains ignorent également que des "itinéraires" sont ouverts en Turquie pour les combattants étrangers souhaitant rejoindre les terroristes en Syrie. D'autre part, "tout ce que font en Syrie la Russie et l'Iran est présenté comme une déstabilisation, pour la bonne et simple raison que c'est eux qui le font — et que telle est la ligne politique de Washington", estime le politologue.
Les hommes politiques déforment régulièrement leurs actes passés, et les gouvernements cherchent traditionnellement à promouvoir leurs propres intérêts. Mais les journalistes, eux, sont censés "rester à l'écart des élites politiques et de leur hypocrisie innée". Pour ce qui est de la Syrie, les journalistes américains ont essuyé un échec total, condamne l'expert.