Voici un an tout juste (Août 2014), une coalition fut menée par les Etats-Unis et leurs alliés à l'encontre de DAECH et du Front Al-Nosra. Cette coalition n'a pas été regardante sur les moyens: deux porte-avions (un américain, un français), pas moins de 4900 frappes aériennes en un an, plusieurs centaines de civils victimes de « dommages collatéraux », un milliard de dollars dépensés par mois seulement du côté américain (sans tenir compte des 22 autres pays impliqués, ou des coûts humains).
Mais ces données changent systématiquement, à mesure que le temps passe et à mesure que l'on creuse nos recherches sur les coûts véritables de la guerre pour le contribuable américain. De nombreux programmes budgétaires civils (éducation, santé, transport) ont été grevés pour permettre de maintenir des dépenses militaires supérieures à tous les autres budgets militaires du monde combinés.
Pour Nikola Mirkovic, politologue, il n'y a pas eu grand-chose concrètement depuis le lancement de la coalition.
Quelques combats sporadiques et l'assassinat d'Abou Salah (note: le financier de DAECH), mais un an et demi plus tard, DAECH existe encore, comportant entre 20 000 et 30 000 étrangers djihadistes sur les sols syriens et irakiens (région peuplée de 9 millions d'habitants), ce que confirment les services de renseignements américains: c'est le « stalemate », donc une impasse. C'est un échec militaire au regard du nombre d'avions de combat déployés, alors que l'ensemble de la région plonge dans la guerre.
Les militaires américains y avaient pensé au début, mais ils ont préféré profiter de leur supériorité aéronautique. Les soldats américains et la population américaine ont gardé un traumatisme des conflits dans lesquels ils étaient engagés au sol (Viêt-Nam, Afghanistan, Irak), et Obama ne veut pas prendre de risques au sein du Moyen-Orient, où les succès militaires américains ont été limités. Les Américains ne se voient pas se battre à nouveau dans une guerre confuse (Front al-Nosra, Al-Qaeda, DAECH), et difficile à présenter au public américain. Le gouvernement américain est donc dans une situation délicate aujourd'hui, rendant impossible la justification d'une intervention au sol, alors qu'il s'agit d'une stratégie mise en avant par de nombreux spécialistes.
Les coûts de l'intervention sont très difficiles à chiffrer. Certains Parlent de plusieurs Milliards de Dollars, d'un budget de 500 Milliards de Dollars (mis en avant par le Congrès pour le budget 2016). Pourquoi les centres de médias de DAECH n'ont pas encore été bombardés, et pourquoi la guerre n'a toujours pas été déclarée, alors que le Front Al-Nosra et DAECH profitent de l'asymétrie de leurs moyens pour pouvoir faire leur propagande sur internet, et sur laquelle les Etats-Unis devraient se focaliser?
Si les centres de médias de l'Etat Islamique n'ont pas encore été bombardés, c'est officiellement pour éviter de tuer des civils au sol (action interdite par les Conventions de Genève); mais cela n'a pas empêché l'aviation américaine de bombarder la Radio de Serbie, ni une ambassade en Serbie, ni un hôpital militaire en Afghanistan. Auraient-ils appris de leurs erreurs passées? On peut en douter. DAECH a tout intérêt à entrainer les forces présentes dans la région. Les forces qui resteront verront les cartes redistribuées.
En clair, la guerre menée sur le terrain par la coalition relève de concepts militaires dépassés (guerre classique post-1945), alors que DAECH se sert de tactiques propres à la guerre asymétriques (se cacher au sein de la population, utilisation d'internet pour la propagande et le recrutement), tout en employant des armes lourdes, voire de grande portée.
La meilleure arme du terrorisme est de pouvoir passer inaperçu. Or la riposte actuelle est inappropriée. Pour reprendre les propos tenus par François-Bernard Huyghe dans son ouvrage « La Quatrième Guerre Mondiale » (Editions du Rocher, 2004), c'est la recherche d'une sécurité totale qui est en cause: zéro soldats morts, et une victoire tactique qui n'existe pas sur le long terme, dont DAECH n'a cure: les djihadistes se moquent de leurs pertes.
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