Un Président déconsidéré
L'annonce de son renoncement rebat les cartes à « gauche » ; mais c'est un jeu pratiquement sans atouts que les autres prétendants devront désormais jouer. François Hollande laisse derrière lui un paysage dévasté, un P « S » en ruine, tant il est politiquement divisé et à court de projet. Aujourd'hui, la « gauche » de gouvernement est éparpillée.
Sa responsabilité est grande. L'obstination dont il a fait preuve pour imposer la loi « travail », ou loi El Khomri, avec un abus des procédures d'exception (l'article 49.3) n'est pas sans conséquences dans ce désastre. Et, ce n'est pas le seul problème posé par l'action, et parfois l'inaction, de ce Président. La volonté à faire passer une loi sociétale, le fameux « mariage pour tous » que rien n'imposait a aussi profondément divisé les français. Ajoutons y les abandons divers, qu'il s'agisse du renoncement représenté par le TSCG, voté dès l'automne 2012, ou de celui concernant le dossier d'ARCELOR-MITTAL, et mentionnons en passant par les diverses pantalonnades, de l'escapade en scooter à l'affaire Léonarda.
On pouvait croire, jusqu'à l'annonce de ce soir, que tout glissait sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard. Il faut croire qu'il lui restait une once de conscience, un brin d'intelligence, un éclair de lucidité. En décidant de ne pas se représenter il a incontestablement pris une bonne décision. Mais la question que l'on peut se poser est de savoir si c'est peut-être bien la seule de son quinquennat.
François Hollande et le champ de ruines
François Hollande laisse donc derrière lui un champ de ruines. Les prétendants ne seront pas à la fête. Manuel Valls, piaffant d'impatience, va donc certainement déclarer sa candidature à la primaire du parti « socialiste ». Mais, il n'est plus le même homme qu'en 2012. Il a été usé par la fonction de Premier-ministre. Chez lui désormais les éléments de langage remplacent la politique, et les tics prennent le pas sur le langage. S'il était choisi, sa candidature dégouterait une partie des militants de la « gauche », et il n'aurait d'autre choix que de disputer à Emmanuel Macron, voire à François Bayrou, les débris d'un socialo-centrisme, lointaine réminiscence de la « troisième force » de la IVème république.
Arnaud Montebourg veut incarner quant à lui la « gauche » du P »S », encore que cette position lui soit contestée tant par Benoît Hamon que par d'autres candidats. Arnaud Montebourg, tout comme Valls, était lui aussi présent à la primaire de 2011, mais il avait réuni sur son nom 17% de suffrages alors que seulement 5% s'étaient portés sur celui qui allait devenir le Premier-ministre. Son bon résultat de l'époque l'avait mis en selle. Il fut Ministre que ce soit dans le gouvernement d'Ayrault ou de Manuel Valls, avant d'être démissionné avec pertes et fracas à l'été 2014.
S'il n'a rien oublié de son passage au gouvernement, il n'a rien appris non plus. En particulier, il n'a rien appris sur l'incompatibilité qu'il existe entre l'euro, et la politique que ce dernier impose, et la tache de redressement productif qu'il s'était fixé. Cette incapacité à nommer ses adversaires le condamne à des gesticulations où il peut retrouver les postures de l'ancien avocat pénaliste qu'il fut mais certes pas convaincre les français. De plus, sur la gauche, la place est déjà prise. La position de Jean-Luc Mélenchon, qui — lui — semble avoir compris que l'euro n'est pas simplement une monnaie mais constitue en fait un instrument de gouvernance au service de la finance et de l'austérité, est autrement plus cohérente et autrement plus forte.
Le discours dans lequel François Hollande a annoncé son renoncement a insisté sur l'unité des français, alors que sa politique a largement contribué à les diviser. Il a présenté comme un adversaire fondamental le protectionnisme alors que ce dernier est pratiqué par nombre de pays et constitue un instrument légitime pour un pays cherchant à reconstruire son industrie. Ainsi, jusqu'au bout, François Hollande aura menti, travesti la réalité, inventé de fausses peurs pour faire oublier de vrais ennemis. Il convient donc de tourner la page, de renvoyer François Hollande et son quinquennat aux livres d'histoire, dans lesquels — n'en doutons pas — ils seront considérés comme les symptômes d'une France abaissée, tant économiquement que socialement, tant politiquement que moralement.
Il convient de préparer l'avenir. Il convient d'opposer au programme de François Fillon qui provoquerait, s'il était appliqué, des déchirures irréparables dans le tissu social français, une autre cohérence bâtie sur la compréhension que rien ne sera possible tant que la France restera dans l'euro. Cette autre cohérence doit être construite dans la reconnaissance que la Souveraineté est première pour reconstruire une véritable Démocratie, qui seule est capable d'assurer aux français une véritable Sécurité. Laissons les morts enterrer les morts, et Hollande enterrer la ligne social-européiste qu'il a incarnée à la suite de Jacques Delors. Il est temps de passer à autre chose.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.