Le 4 décembre, les Autrichiens doivent à nouveau élire leur président. À nouveau, car le scrutin de mai a été annulé en raison d'irrégularités lors du dépouillement et celui d'octobre reporté pour cause de bulletins de vote défaillants…
En lice, Alexander Van der Bellen, 72 ans, ancien vert et ex-membre du parti social-démocrate et Norbert Hofer, 45 ans, représentant du Parti de la liberté d'Autriche (le FPÖ), l'un des plus vieux partis populistes d'Europe.
« Van der Bellen est un vieux routier de la politique. C'est quelqu'un qu'on connaît depuis vingt ans, qui a été effectivement le chef des Verts, le chef des écologistes », explique pour Sputnik Patrick Moreau, docteur en histoire et en sciences politiques et chercheur au CNRS.
En parlant de l'idéologie de ce parti d'appartenance « controversée », M. Moreau a noté que le FPÖ s'est débarrassé depuis longtemps de l'image extrémiste qui lui collait à la peau et explique que « 80 % des Autrichiens pensent que le FPÖ est un parti normal ».
L'expert ajoute que c'était le président du parti Heinz-Christian Strache qui y avait contribué en corrigeant les erreurs du dirigeant du parti précédent, Jörg Haider, qui est mort en 2008 dans un accident de voiture.
« Le FPÖ a fait un énorme travail de dédiabolisation qui avait été achevé sous Strache alors que Haider était quelqu'un qui posait encore problème. Et maintenant il est très difficile sur le plan théorique d'attaquer le FPÖ parce que les critères d'extrémisme, etc., ont complètement disparu», poursuit l'expert.
Mais pourquoi la droite populiste a-t-elle conquis le cœur des électeurs autrichiens ? D'après M. Moreau cela s'explique par « un pessimisme collectif » eu égard à « l'avenir sombre » qui s'est établi dans le pays.
« Il y a quand même une montée du chômage qui est régulière depuis plusieurs années même si elle s'est stoppée ces derniers mois. C'est aussi une peur de l'immigration et de l'acculturation qui est très forte. Et troisièmement, il y a une menace sécuritaire complexe qui va de la petite criminalité et de la drogue à Vienne à la menace terroriste », a clarifié le spécialiste en sciences politiques.
Dans le même temps, l'expert prévient que ce scénario est peu probable car le FPÖ n'est pas majoritaire en Autriche, avec environ 35 % du vote populaire. Selon lui, le parti ne pourrait gérer le pouvoir ou cogérer le pouvoir qu'en s'alliant avec un autre parti.
L'expert poursuit en insistant sur le fait que la popularité du parti de Hofer n'est pas une coïncidence:
« Le FPÖ se présente comme un parti critique du système, c'est-à-dire que les électeurs le choisissent parce que le FPÖ veut corriger un certain nombre de problèmes inhérents à l'Europe, inhérents à l'économie. »
Et de conclure :
« Strache (…) a une vision de refondation de l'Europe qui est quand-même assez différente de la situation actuelle. C'est-à-dire qu'il est très hostile à la Commission européenne. Il est partisan d'une Europe des nations, il est complètement hostile à l'idée de l'armée européenne. Donc il y aurait à attendre un conflit entre Strache et la Commission européenne », a constaté l'expert.
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