Quarante ans après la loi Veil, l'IVG reste un sujet sensible. Élargir le délit d'entrave à l'IVG au numérique est né du constat suivant: les sites hostiles à l'avortement sont très bien référencés dans les moteurs de recherche, devenant ainsi source d'information… ou de désinformation, pour certains. « Chacun est et reste libre d'affirmer son hostilité à l'avortement (…) À condition de le faire en toute honnêteté, car la liberté d'expression ne peut se confondre avec la manipulation des esprits », a défendu Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des Femmes.
Cinq heures de débats et 76 amendements, émanant essentiellement des Républicains (LR) et de l'extrême droite. Ces derniers y voient une atteinte à la « liberté d'expression ». Selon le député Les Républicains Jacques Myard, si une femme a décidé d'avorter « elle le fera, quels que soient les conseils qu'on lui donne. […] C'est la raison pour laquelle ce projet de loi a une vision totalement totalitaire de la société et est dangereux pour la liberté d'expression. Je suis même convaincu qu'il est totalement anticonstitutionnel. »
L'archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, Georges Pontier, a directement adressé une lettre à François Hollande. Il estime que la proposition de loi « constituerait, malgré ce qu'affirment ses dépositaires, un précédent grave de limitation de la liberté d'expression sur Internet », qui « ne peut être à plusieurs vitesses suivant les sujets ». Hugues Fourage, porte-parole des députés socialistes, a répliqué en indiquant que « nous sommes dans un État laïc et nous refusons que la loi soit dictée par des considérations spirituelles. »
La proposition de loi sera examinée par le Sénat le 7 décembre.
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