Les USA ont un système électoral très particulier. Contrairement à la plupart des pays, notamment la Russie où chaque électeur vote directement pour élire le président, les États-Unis disposent d'un système de suffrage indirect où la décision finale est prise par les grands électeurs. Ces derniers, désignés par le parti dont le candidat a remporté le plus de voix dans un État, sont ainsi les « messagers » des votes des citoyens. Un tel système à deux niveaux est en vigueur en Finlande et en Estonie, même si la plupart des analystes et des experts politiques n'y voient rien de plus qu'un archaïsme.
Traditionnellement, la campagne électorale aux USA est perçue comme l'affrontement entre deux candidats: un républicain et un démocrate. Mais ce n'est pas tout à fait le cas. Il y a aussi des représentants de partis mineurs (le parti vert, le parti libertarien, le parti constitutionnel et d'autres) et des candidats indépendants. Durant cette campagne électorale, Hillary Clinton et Donald Trump représentaient respectivement les démocrates et les républicains. Mais Gary Johnson (parti libertarien), Jill Stein (parti vert), Darrell Castle (parti constitutionnel) et Evan McMullin (candidat indépendant de l'Utah) participent également à la course.
En réalité, les représentants des partis mineurs représentent rarement une sérieuse concurrence pour les représentants des deux "machines politiques" les plus puissantes des USA. La carte de répartition des voix entre les candidats ces 50 dernières années le montre bien.
Les difficultés de recomptage
Ce système d'élection présidentielle complexe à deux niveaux a été proposé par les pères fondateurs des USA, qui ont joué un rôle majeur dans l'établissement de la structure étatique américaine en 1787. Depuis cette époque, les élections américaines se déroulent en plusieurs étapes.
D'abord, chaque parti choisit un certain nombre de représentants du « collège des grands électeurs » de chaque État, appelé collège électoral. Chaque État est représenté par deux sénateurs, ainsi que par des représentants de tous les districts électoraux de cet État dont le nombre dépend du nombre de membres à la Chambre des représentants du congrès. Tous réunis, ces individus constituent un organisme provisoire: le collège électoral. Il se compose de 538 personnes — 435 représentants des districts électoraux, 100 sénateurs des 50 États et 3 représentants de Washington.
Le jour du vote, qui se déroule toujours le mardi suivant le premier lundi du mois de novembre, les électeurs votent pour un candidat concret. La décision définitive de savoir qui dirigera les États-Unis est prise au suffrage direct par le collège électoral 41 jours après l'élection nationale. Si les voix des grands électeurs sont à égalité, le vainqueur est choisi par la Chambre des représentants conformément au 12e amendement à la Constitution américaine. Pour remporter la victoire, il est nécessaire d'obtenir les voix des représentants de 26 États.
Le plus souvent la balance penche du côté du candidat qui a reçu la majorité des voix aussi bien de la population que des représentants du collège électoral. Mais pas toujours: aucune loi fédérale ne l'exige.
Les Américains disent souvent apporter au monde la démocratie et des réformes politiques radicales, mais en réalité les grands électeurs peuvent parfaitement décider en comité réduit qui sera le prochain dirigeant des USA et ne payer que mille dollars d'amende, selon la loi américaine.
Par exemple, pendant l'élection de 2000, le vice-président Al Gore avait devancé le gouverneur du Texas George W. Bush de 500 000 voix à l'issue du dépouillement des bulletins, mais avait perdu au collège électoral à cause d'une prépondérance des voix des électeurs en Floride après plusieurs recomptages des bulletins. Après le recomptage des voix et les procès qui ont suivi, 25 grands électeurs de Floride ont fait pencher la balance du côté du républicain George W. Bush.