L'agricultrice Tatiana Babouchkina et ses enfants, résidant au Kamtchatka, ont décidé de profiter de l'occasion pour développer le tourisme écologique et créer la première ferme d'ânes de la région. Tatiana Babouchkina raconte la difficulté de faire venir les premiers ânes au Kamtchatka et comment elle voit l'avenir de son affaire.
Un rêve d'enfance
Alikhan, deux mois, ne ressemble pas encore à un âne adulte: il a encore son duvet et il est très joueur. A l'arrivée des nouveaux hôtes le petit court vers sa mère Assia pour boire du lait. « Il a bu en vitesse pour que personne d'autre n'en ait", explique Tatiana en riant.
Selon l'agricultrice, les ânes n'ont pas besoin d'une préparation pour travailler avec les enfants, car « ce sont des êtres gentils par nature » et que, depuis leur naissance, ils sont en contact permanent avec ses fils Ilia, 12 ans, et Daniil, 14 ans.
« Les ânes sont très courageux et très dociles — entre le cheval et le chien. Et ils sont très loyaux. Même si un étranger cherchait à les faire sortir de la cour il n'y arriverait pas. Moi-même j'ai fait de l'équitation et je pense que je ne mettrais pas mon enfant sur un cheval. Un âne prend la responsabilité de ne pas faire tomber un enfant. Il n'ira pas dans une flaque d'eau et ne se lancera pas au galop sur un terrain glissant », affirme Tatiana.
« Quand, dans mon enfance, je faisais de l'équitation, je disais qu'à l'âge adulte j'aurais des ânes même si je n'en avais jamais vu de ma vie. Mais mon rêve n'a pas pu se réaliser immédiatement. Mon mari voulait un chameau », se souvient Tatiana.
Puis des problèmes logistiques ont empêché la réalisation de ce rêve d'enfance. « Nous avons longtemps cherché un avion pour le transport des ânes, car le train et le bateau sont une torture pour les animaux pendant deux semaines — il s'agit quand même de traverser la moitié de la planète depuis le Kazakhstan! Personne ne voulait prendre en charge le transport aérien; ou alors on nous proposait un prix exorbitant », explique la fermière.
Au final, la livraison par avion a coûté 600 000 roubles, soit près de 8 600 euros. C'est bien plus que le prix des ânes: 45 000 roubles chacun (environ 650 euros).
Des ânes aux concours de chevaux
Étant donné qu'il n'y a aucun autre âne au Kamtchatka en dehors de la ferme, Tatiana présente ses animaux aux concours de chevaux. « Nous avons fait des concours en compétition avec des propriétaires de chevaux. Nous avons un trophée pour avoir gagné un concours de beauté face aux chevaux. C'était cette année. Le prix de Miss Sympathie », déclare Tatiana entre le rire et la fierté.
« Chez nous au Kamtchatka, ils mangent ce qu'il y a de meilleur. Ils ont de la bonne nourriture et sont donc bien-portants. Dans leur menu il y a obligatoirement des carottes et des pommes de terre. Ils aiment aussi beaucoup la farine mélangée aux aliments combinés. On leur donne aussi du sel pour les os et de la craie », ajoute la fermière.
Le fils cadet de Tatiana, Ilia, sait tout sur les ânes et peut même déterminer leur humeur en observant leurs oreilles. « Quand les oreilles sont appuyées et allongées, l'âne est très probablement en colère. Si elles sont ouvertes et un peu inclinées en avant, alors il appelle quelqu'un », explique-t-il.
Des hectares pour une ferme d'ânes
Tatiana pense qu'utiliser les ânes uniquement pour promener les enfants est obsolète. En élaborant minutieusement un plan d'affaires pour créer sa ferme d'ânes, la famille a reçu deux hectares sur une route de contournement dans le district d'Elizovo au Kamtchatka à proximité de son lieu de résidence.
Tatiana explique qu'au goût, le lait d'âne est plus sucré que le lait de vache et que ses propriétés nutritives sont les plus élevées, ce qui explique son coût élevé. « En Égypte ancienne il était très populaire », précise-t-elle.
Les fermiers ne vendent pas encore le lait de leurs ânes car il sert actuellement pour nourrir les petits ânes. « Pour qu'ils grandissent en bonne forme et en bonne santé. C'est le plus important pour nous pour l'instant. Quand il y aura la ferme, bien sûr, nous laisserons goûter les visiteurs », promet Tatiana.
Selon ses calculs, il faudra au moins 10 ânes adultes pour que la ferme commence à fonctionner conformément à tous les plans prévus.
Conformément à la loi entrée en vigueur le 1er juin 2016, les Russes peuvent obtenir gratuitement un hectare de terrain en Extrême-Orient. Mis à disposition pour une durée de cinq ans, il doit être dépourvu de droits de tiers et se trouver en circulation libre. Cinq ans après cela, en cas d'exploitation du terrain il sera possible de le louer et ou d'en devenir propriétaire. Tous les habitants de l'Extrême-Orient peuvent depuis le 1er octobre obtenir un terrain dans leur région, et à partir du 1er février 2017 tous les Russes pourront devenir propriétaires d'un hectare de terre en Extrême-Orient.
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