Cela peut paraître presque impossible de faire partir 2 400 personnes: comment évacuer autant de gens de manière organisée? Mais il y une autre interrogation, plus embarrassante: où iront-ils et ne reviendront-ils pas sur ce territoire autour de Calais?
D'après le président de l'Auberge des migrants, l'évacuation se déroulera par groupe de 50 personnes et en bus. Dès qu'un groupe de 50 personnes sera constitué, ils rempliront un bus qui les fera partir:
« S'il s'agit simplement de compter 50 personnes, les mettre dans des bus et dire : "Allez-y !", alors ça peut se passer très vite. Ce sont des gens qui ont vraiment envie de partir, qui sont là depuis plusieurs heures, qui sont impatients de partir et avec eux, ça ira très vite », remarque M. Salomé.
D'après les chiffres officiels, il y a environ 60 bus qui permettront d'évacuer d'un seul coup 3 000 personnes:
« On arrivera à les faire partir aujourd'hui, pas de soucis, » assure M. Salomé.
#Calais — campement — afghans dansent autour feu car "plus que ça à faire"- tracts Etat français déchirés au sol —ils refusent de partir pic.twitter.com/RcXbFozGBf
— ALEXANDRA RENARD (@ALEXF24) 24 октября 2016 г.
Même si l'ordre d'évacuation semble être assez clair, une question reste quand même ouverte : ce processus, est-ce une chasse à l'homme ou une opération humanitaire ?
Selon M. Salomé, aujourd'hui, demain et après-demain, cela restera une opération humanitaire, mais après, il restera quand même environ 2 000 personnes à Calais, sans compter celles qui se cachent actuellement. À quoi donc ressemblera la situation après cette évacuation dans l'urgence? « Ils vont être aimablement priés de s'en aller du camp pour pouvoir le détruire, et on va les retrouver sous les ponts, un peu partout… Si la police les trouve avant nous, ils se retrouveront en centre de rétention », explique M. Salomé.
Les centres de rétention, ce sont des prisons d'où les prisonniers sont normalement libérés au bout de 48 heures. Donc, après leur libération, ils reviendront probablement à la case départ:
« Ça prendra quelques jours, ça prendra quelques semaines, et on retrouvera ici, comme après chaque démantèlement, des milliers de personnes à qui il faudra donner des tentes et qu'on essaiera de nourrir, sans qu'elles soient aperçues par la police, sans montrer où elles sont, tout cela pour se retrouver dans ce qu'on a déjà vécu depuis 10, 15 ou 20 ans. »
« C'est un éternel recommencement. Ça fait 24 ans que je suis à Calais et ça fait 24 ans que la même situation se reproduit. Là il y a davantage de monde, davantage de journalistes aussi, mais le processus est toujours le même: on casse le camp, on casse les squats, on s'arrange pendant quelques jours pour qu'il n'y ait aucun migrant dans la région et ensuite les gens reviennent. Il y a toujours des conflits dans le monde, il y a environ 30 personnes qui arrivent tous les jours et qui continueront à arriver, c'est évident, » conclut le président de l'Auberge des migrants.
Actuellement, près de 10 000 personnes habitent dans le « Jungle » de Calais : l'évacuation des réfugiés dans des centres d'accueil et d'orientation (CAO) a débuté lundi vers 6 heures (heure de Paris), marquant le départ de cette gigantesque et complexe opération d'évacuation de plusieurs milliers de migrants, qui vont rejoindre par autocar des centres d'accueil partout en France.
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