« Le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014 peut inquiéter certaines régions de l'Europe centrale et orientale. Vladimir Poutine pourrait songer à les annexer », affirme Vassili Joannidès de Lautour, professeur des universités dans un article pour Les Echos.
Contrairement à la position développée dans son article, il commence par utiliser le terme de « rattachement de la Crimée à la Russie en 2014 », et non par celui d’« annexion ». Ainsi, dès le début, ça position s’annonce vague.
Se rappelant le référendum en Crimée, le professeur essaye de repenser les arguments de la Russie et ses arguments à lui sont plus que douteux.
Selon lui, Moscou explique la légitimité du référendum par « une clause du Pacte de Varsovie stipulant que la Russie confiait en gestion à l’Ukraine la Crimée et que celle-ci devrait la lui rétrocéder 60 ans plus tard, soit en 2015 ».
En réalité, le transfert de la région de Crimée du giron de la République socialiste fédérative soviétique de Russie à la République socialiste soviétique d'Ukraine a eu lieu sur la base du décret du Conseil suprême de l'Union soviétique du 19 février 1954, dans lequel il n'a été défini aucune limite de temps.
Le Pacte de Varsovie, quant à lui, a été signé le 14 mai 1955 et a officialisé la création d’une alliance militaire des Etats socialistes européens. Ce document n'a aucun lien avec la Crimée.
L’article souligne également que « le Pacte de Varsovie ne peut être reconnu comme un traité de droit international dans la mesure où il a été conclu par des républiques non souveraines – en l’occurrence l’Ukraine qui n’était de fait qu’une province. Ainsi, est-il nul et non avenu de se revendiquer d’un texte qui n’avait aucune valeur juridique sur la scène internationale ».
En effet, la République socialiste soviétique d'Ukraine n’a pas du tout participé à la signature du document. Pourtant, il n’est pas possible d’affirmer que le document « n’a aucune valeur sur la scène internationale », car il a été signé par des États indépendants dont l’Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, la République démocratique allemande, la Pologne, la Roumanie, l’URSS et la Tchécoslovaquie.
L’auteur ne s’arrête même pas là et fait preuve de sa mauvaise connaissance de l’histoire.
« Le Daguestan que la Russie avait tenté d’annexer par les armes en 1996 pourrait bien être convoité de nouveau, tout comme le nord-est de la République d’Azerbaïdjan, d’Oghuz à Pirkuli », prévient l’auteur.
Mais il est un peu en retard… La République du Daghestan fait partie de la Russie depuis 1813. La république figure depuis 1859 sur la carte comme partie intégrante de la Russie. Aujourd’hui, les Daghestanais sont tous citoyens russes.
Il voulait sans doute parler de la Première guerre de Tchétchénie (1994-1996) qui opposait les troupes gouvernementales russes aux forces séparatistes après la chute de l’URSS qui a abouti aux accords de paix de Khassaviourt.
Pourtant, dans les yeux du professeur, le Daghestan serait un État souverain possiblement annexable. Espérons qu’il n’enseigne pas l’histoire ou la géographie…
Quoi qu’il en soit, le professeur a déjà eu sa part de lecteurs qui ont lu sa belle « réinformation » sans avoir recours à la vérification par les faits.