Rien ne prédisait un drame. Le bulletin d'information ne faisait état d'aucune nouvelle attaque. Or, soudain, une explosion a retenti. Puis une seconde…
« Des obus sont tombés près d'une école de Souleymanieh. Il y a des victimes et des blessés, principalement des enfants », nous informe une source militaire.
On monte en voiture et on se précipite à l'hôpital. On gare notre voiture de côté laissant la voie aux ambulances qui arrivent à vive allure transportant ceux qui ont vécu l'horreur.
« Nous avons transporté à l'hôpital tous les blessés, mais certains sont morts en route. Pour nous, il était crucial de tout faire pour les sauver, mais vous voyez ce qu'ont fait les éclats », relate un ambulancier.
Au hall principal des soins extensifs s'entendent les pleurs des femmes et des enfants et le son des sirènes d'ambulance. Les médecins interviennent à l'entrée même à l'hôpital. Les enfants grièvement blessés sont directement conduits dans les salles d'opération.
« Je serai pilote et me vengerai »
Dans une chambre d'hôpital on trouve des enfants hospitalisés et leurs parents en pleurs. Un garçon blessé à la jambe est conscient.
« Où est l'aviation russe et syrienne ? Ils (les terroristes, ndlr) nous pilonnent tous les jours, nous tuent sans merci. Nous ne pouvons plus vivre comme ça », hurle la mère du bambin. Son mari tente de la calmer.
« Un obus est tombé, mais on a pu se sauver. Le deuxième a éclaté non loin et a blessé mon fils. Je l'ai couvert avec mon corps et j'ai vu un obus tomber à une cinquantaine de mètres de nous sur des enfants qui se cachaient à côté d'un immeuble. Il les a déchirés devant mes yeux. Aucun ne s'est relevé. C'est alors que j'ai perdu conscience », poursuit la mère.
« Je resterai en vie ? », demande soudain l'enfant au médecin.
« Mais bien sûr ! Tout va bien. Tu iras bien et une fois que tout sera fini tu te trouveras une fiancée. Quel métier voudrais-tu faire ? », lui demande le médecin, cherchant à faire remonter le moral du petit patient.
« Une fois adulte, je serai pilote pour me venger et venger mes amis », souffle le garçon.
Un père inconsolable
À l'intérieur, on voit trois petites dépouilles. Le père de deux sœurs tuées par des tirs terroristes hésite à l'entrée.
« Ne lui parlez pas. Il a perdu ses deux filles, sa réaction risque d'être inadéquate, mettez-vous à sa place », nous dit un employé nous priant de quitter la morgue.
La voiture arrive et le père assisté par plusieurs hommes transporte les petites dépouilles. La circulation dans les rues avoisinantes s'arrête et le conducteur de l'ambulance essuyant ses larmes met son véhicule en marche.