Reprocher au gouvernement russe les dommages « brutaux » des frappes aériennes en Syrie est le jeu préféré des observateurs occidentaux. Que ce soit pour défendre les groupes auxquels ils s'allient en cachette ou qu'il s'agisse de leur vieille habitude de voir partout la « main du Kremlin » derrière le désordre mondial, ces fidèles zélateurs des États-Unis ne sont jamais à court d'imagination ! Il y a derrière les « atrocités » russes une stratégie précise, révèlent-t-ils à présent. Mais laquelle au juste ? Demandez au New York Times.
Pourquoi Moscou veut-il que l'opposition syrienne et les djihadistes s'allient ?
Le journal développe minutieusement ses arguments : Moscou et Damas souhaiteraient pousser les groupes rebelles à rejoindre les terroristes pour que, primo, les premiers ne puissent jamais devenir une alternative acceptable au gouvernement syrien actuel, que, secundo, le pouvoir reste entre les mains de Bachar el-Assad, et que, tertio, cela donne à la Russie encore plus d'influence sur l'échiquier international.
Les conséquences des frappes des forces aériennes russes contre la ville d'Alep — des hôpitaux et des écoles détruites, des voies d'approvisionnement coupées — font s'interroger sur les raisons de cette cruauté. Visiblement, la lutte antiterroriste n'est plus un bon prétexte.
En revanche, les morts et les destructions à Deir ez-Zor ne les poussent pas à réfléchir aux raisons du bombardement de la coalition : « bavure », s'excusent-t-ils, et basta ! L'affaire est close, poursuivez vos pilonnages, mais soyez quand même prudents…
Mais revenons au complot. La campagne des militaires syriens, appuyés par les forces russes, aurait donc pour but de provoquer l'alliance des rebelles avec les extrémistes, miner ainsi leur légitimité et obtenir un droit de veto à toutes les négociations au sommet.
« La Russie et le régime syrien donnent exprès un coup de fouet à la radicalisation de l'opposition », tente de persuader l'analyste Geneviève Casagrande de l'Institut pour l'étude de la guerre.
Selon ses estimations, le bombardement d'Alep réunira et renforcera les rebelles, effacera à long terme les frontières entre eux et les djihadistes et l'Occident aura donc du mal à les approvisionner en armes et à compter sur eux en concluant des accords de paix.
Seulement que les frontières entre les radicaux et les terroristes sont déjà à peu près effacées et ce pas sans efforts de Washington.
Les USA veulent-ils vraiment séparer les terroristes des rebelles ?
Les États-Unis auraient tenté d'empêcher les plans démoniaques de Moscou de se réaliser et s'emploieraient même à convaincre les rebelles « modérés » de cesser toute communication avec les djihadistes, promettant de les soutenir et de frapper les positions des terroristes.
Mais évidemment, ils n'y sont pas parvenus. Lorsque les rebelles avaient réellement besoin d'aide, ils n'ont rien trouvé de mieux que de solliciter le soutien des terroristes. Décrédibilisés par cette coopération, les rebelles sunnites ne sont plus une alternative au gouvernement d'Assad. Et la faute à qui ? Moscou, bien sûr!
Une légende s'est vite formée : la Russie pousse l'opposition à se jeter dans les bras des terroristes, bombarde Alep, forçant les locaux à fuir afin qu'ils ne puissent aider les rebelles, persuade son peuple et le monde qu'elle agit justement, qu'elle est puissante…
Belle histoire ! Mais il y a un hic : l'opposition syrienne a perdu toute crédibilité depuis longtemps, en êtes-vous au courant, les Américains?
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