Matthew Karnitschnig, auteur de l'article chez Politico, souligne que de hauts responsables européens évoquent quotidiennement leur angoisse concernant la victoire éventuelle de Donald Trump.
« Cependant, pour certains, le nuage de Trump est une lueur d'espoir, explique Matthew Karnitschnig. Aucun responsable européen ne l'avouera jamais en public mais certains considèrent Trump comme une occasion rare de se débarrasser de la tutelle américaine ».
La droite et la gauche européennes critiquent Washington depuis des décennies pour la pression que les USA exercent sur l'Europe.
« La critique de l'influence américaine est l'un des rares sujets réunissant les hommes politiques européens », poursuit Matthew Karnitschnig.
Pour lui, le soutien de certains fonctionnaires européens à Trump a cinq raisons principales.
Premièrement, les Européens sont mécontents du Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement sur le libre-échange entre les Etats-Unis et l'Europe, en suspens depuis des mois.
Les détracteurs de l'accord le considèrent comme un « cheval de Troie commercial » destiné à renforcer l'influence des entreprises américaines en Europe. Donald Trump estime de son côté que ce Traité pourrait nuire aux travailleurs américains.
Deuxièmement, le candidat républicain se prononce contre l'Otan et de nombreux responsables européens prônent l'idée d'une armée indépendante de l'UE. Le milliardaire américain n'a jamais caché son mécontentement quant au fait que l'Europe rejetait la responsabilité de sa sécurité sur les USA.
« Qui plus est, la plupart des Européens ne veulent pas le voir au poste de commandant en chef », affirme l'auteur de l'article. Ainsi, en cas de victoire de Donald Trump, les partisans d'une armée européenne pourraient avancer leurs idées au premier plan.
De nombreux Européens sont désormais convaincus que Washington écoute leurs conversations, indique Matthew Karnitschnig.
Et d'ajouter qu'en réalité « tout n'est pas aussi dramatique ».
Bien que l'UE et les États-Unis coopèrent toujours dans le domaine du renseignement, la victoire de Trump pourrait mettre fin à ce partenariat, souligne-t-il.
Quatrièmement, l'influence des banques de Wall Street est depuis longtemps une idée fixe pour beaucoup d'Européens.
La présidence de Trump serait donc une bonne occasion de limiter l'influence des banques américaines sur l'UE, fait remarquer l'auteur.
La cinquième et dernière raison relève de la malignité, force motrice la plus puissante des Européens dans cette situation.
Selon lui, la plupart des Européens n'ont jamais accepté les déclarations de Washington sur le « caractère exceptionnel » et la "suprématie morale" des USA. La victoire de Trump prouverait d'après eux que les États-unis n'ont pas moins de problèmes que l'Europe.