Nous allons donc tenter de faire une analyse comparée de la scène politique des deux pays en prenant quatre partis politiques russes qui passent le seuil des 5 %
Russie Unie (31-40 %*) — LR
*La grille des chiffres des trois bureaux de sondages nationaux, 6 jours avant le vote (FOM, VTsIOM, Levada)
Pourquoi ils se ressemblent: depuis sa création, Russie unie s'est positionnée comme un parti conservateur proche du centre droit et devrait donc être un allié naturel de la droite française. Il faut rappeler qu'il y a eu des tentatives de rapprochement entre les deux: en 2009 une délégation de Russie unie a même participé au congrès de l'UMP en tant qu'observateur. Le député Konstantin Kossatchev a été accueilli par Xavier Bertrand et Jean-Pierre Raffarin.
Pourquoi pas tout à fait: même si son noyau reste de centre droit, Russie unie a dû, à cause de sa longue domination au parlement, élargir son positionnement idéologique pour incorporer presque tout le mainstream politique modéré, notamment grâce au Front populaire panrusse, une plateforme de coopération regroupant des associations politiques et citoyennes (retraités, femmes, anciens combattants, etc.). On pourrait donc presque le comparer à l'idée franco-française… d'un front républicain où les modérés s'allient pour faire barrage aux concurrents. La solution que le parti propose contre l'immobilisme et la stagnation est une primaire nationale ouverte.
Parti communiste de la fédération de Russie (9-10 %) — PCF/Front de gauche
Pourquoi ils se ressemblent:
La couleur rouge, la référence à Marx et l'opposition aux réformes libérales du gouvernement: les communistes russes et français ont l'air d'être sur la même longueur d'ondes. La "décommunisation" ukrainienne a choqué l'extrême gauche française autant que ses confrères russes.
Pourquoi pas tout à fait:
Détail symbolique: depuis 2013, il n'y a plus la faucille et le marteau sur le drapeau du PCF, ce qui marque le passage à « un communisme de nouvelle génération » avec la priorité au Front de gauche. Le PC russe reste plus réticent à une modernisation.
LDPR (9-11 %) — Front national
Pourquoi ils se ressemblent:
Comme chez le FN, le noyau de l'électorat LDPR est ouvrier. Si ce parti réputé assez nationaliste ne peut pas demander la sortie de l'euro pour des raisons objectives, il se rapproche du FN sur la question de l'identité nationale.
Pourquoi pas tout à fait:
La dernière fois que LDPR a engrangé un succès électoral comparable aux 24,86% du FN aux dernières européennes, c'était en 1993. Depuis, sa popularité en Russie reste relativement basse comparée à celle du FN en France. Même si Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front National, est un ami personnel de Vladimir Zhirinovski, leader du parti LDPR, l'idéologie défendue par ce dernier est d'une nature très différente. Opportuniste passionné de politique, Zhirinovski aime choquer avec des propos extrêmes, ce que Marine Le Pen évite de faire depuis qu'elle s'est engagée à dédiaboliser le parti de son père. En outre, si le Front National est aux portes du pouvoir en France, personne ne semble croire à une quelconque menace LDPR en Russie.
Russie juste (4-5 %) — PS
Pourquoi ils se ressemblent:
Pourquoi pas tout à fait:
Si le socialiste Laurent Fabius, devenu ministre des Affaires étrangères, a adopté une ligne interventionniste sur la Syrie ou la Russie jugée plus sévère que celle de Barack Obama lui-même, ses collègues de Russie juste sont beaucoup moins enclins à soutenir des interventions pour renverser des dictateurs. Russie juste a notamment refusé de se solidariser avec une résolution de l'Internationale socialiste qui soutenait l'opposition biélorusse contre le président Loukachenko.
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