Bien que les dirigeants européens entendent se concentrer sur la « restauration d'un sentiment d'unité politique », il serait difficile de le faire compte tenu d'une « situation critique » que même la chancelière allemande Angela Merkel reconnaît.
Le sommet reflètera sans doute le nouvel équilibre des forces dans l'Union européenne, provoqué non seulement par le Brexit, mais aussi par la résistance émergente de certains pays à la politique de Bruxelles et de Berlin.
Les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque), parmi les plus contestataires des projets européens d'accueil de réfugiés, comptent livrer à Bratislava leur propre vision de l'avenir de l'Union, dont ils estiment qu'elle est trop dominée par certains grands pays.
« Ce n'est pas une position de mon gouvernement », a tempéré vendredi à Bratislava le chef du gouvernement luxembourgeois, Xavier Bettel. « On est au tour du table, on est en famille, on discute les problèmes en famille, on essaie de trouver des solutions ».
Pourtant, « cette famille » devient de plus en plus désunie. Ainsi, lors du sommet des pays du groupe de Visegrad tenu dans la ville polonaise de Krynica Zdroj, les gouvernements des quatre pays ont indiqué leur position : plus d'autonomie aux capitales, moins de pouvoirs à Bruxelles. Polonais et Hongrois ont aussi exhorté les Européens à la contre-révolution culturelle, au nom des valeurs nationales et religieuses, alors que la soi-disant vieille Europe appelle à une intégration plus étroite.
Pourtant, après avoir consulté les 27 pour préparer le sommet, Donald Tusk dit avoir déjà tiré une conclusion claire, aux allures de message à la Commission: « Donner de nouveaux pouvoirs aux institutions européennes n'est pas la recette désirée ».