En outre, ils ont discuté l'intention des Kurdes de créer un système fédératif au nord de la Syrie ainsi que l'idée de la Turquie de former une "zone tampon" dans la région, mais aussi de la position des Etats-Unis concernant cette situation, qui, malgré qu'ils disent officiellement soutenir le "Parti de l'union démocratique", se sont prononcés contre l'opération militaire turque à Jarablus.
Dans une interview accordée à Sputnik, la coprésidente du PYD, Asya Abdullah, a confié qu'elle considérait l'opération de la Turquie sur le territoire de Jarablus comme une occupation. D'après Madame Abdullah, si la partie turque s'est, durant cinq années consécutives, prononcée pour la démission d'Assad et a soutenu ouvertement l'opposition syrienne, aujourd'hui, les représentants turcs dialoguent avec le chef de l'Etat syrien. Selon Mme Abdullah, c'est justement suite aux négociations avec le régime syrien et avec l'Iran qu'Ankara a fait entrer ses troupes à Jarablus. D'après Mme Abdullah, les Kurdes se prononcent contre cette "occupation":
"Les troupes de l'armée syrienne libre (ASL) et les troupes turques qui se trouvent dans la région de Jarablus envisagent d'entrer à Manjib. Si cela arrive, le Conseil militaire de Manjib résistera aux occupants et défendra la ville. Les représentants ont déjà fait une déclaration sur ce sujet."
Selon Mme Abdullah, ni la Turquie ni l'ASL n'envisagent de combattre Daech et les combattants de l'ASL sont totalement sous le contrôle de la Turquie et exécutent ses ordres.
"La communauté internationale doit protester contre ces actions illégales".
En ce qui concerne l'intention de la Turquie de créer une zone tampon dans la région, selon Mme Abdullah, cela ne portera pas ses fruits puisque la Turquie le souhaite depuis assez longtemps:
"Les habitants de la région, le peuple syrien, ne soutient cette initiative de la Turquie, il ne veut pas de la présence turque sur son territoire. […] Le but véritable de la Turquie c'est d'empêcher les Kurdes de s'avancer et de se renforcer dans la région."
Et de poursuivre:
"Aujourd'hui, la force principale qui mène la lutte contre Daech en Syrie se sont les forces démocratiques syriennes, qui comprennent les milices d'autodéfense des YPG (Unités de protection du peuple, ndlr). Si les pays de la coalition changent leur politique à l'égard des forces démocratiques de Syrie, refusent de mener le dialogue avec eux, est-ce que leurs actions porteront des résultats? Les Kurdes d'aujourd'hui diffèrent de ceux d'antan et l'équilibre des forces dans la région n'est plus le même qu'avant."
Selon la coprésidente du parti des Kurdes, ils envisagent de mener des négociations au niveau national et international concernant l'agression turque.
"Nous appelons la communauté internationale à protester contre les actions d'Ankara. L'opposition syrienne nous a accusés d'avoir démembré le pays, et maintenant les opposants avec les troupes turques ont pris le contrôle de Jarablus. On se demande si l'opposition syrienne a sa propre volonté politique."
Mme Abdullah explique qu'aujourd'hui l'invasion de la Turquie sur le territoire de Jarablus empêche de réaliser les projets concernant la libération de la ville de Raqqa.
"Alors que de terribles affrontements font rage, la mise en place d'une telle opération est impossible. Quand toutes les forces se sont concentrées sur la défense, on ne peut pas parler de la libération d'autres villes. Il n'y aura pas d'opération à Raqqa tant que les affrontements n'auront pas cessé."
Selon Mme Abdullah, la position de la partie russe sur le règlement du conflit syrien, qui soutient la participation des Kurdes à cette question, est très importante. Quant aux Etats-Unis, elle est convaincue qu'ils gardent le silence sous la pression des Turcs:
"[La Turquie] ne veut pas que le parti kurde participe aux négociations sur le règlement de la crise syrienne. Pourtant, ils savent très bien que sans la participation des Kurdes aux négociations de Genève il n'est pas possible d'atteindre un règlement durable en Syrie."