Le Point vient de révéler les résultats d'une enquête d'opinions réalisée de façon confidentielle par l'institut Ipsos et commandée par le PS. Surprise ou non, François Hollande est donné perdant au second tour face à Arnaud Montebourg.
Ainsi, si le second tour de la primaire de la gauche voyait s'affronter Arnaud Montebourg et François Hollande, le premier serait vainqueur avec 53% contre 47%, et si le chef de la République s'opposait à Benoît Hamon, M. Hollande arriverait en tête avec 57% contre 43%.
Toutes les formations politiques et tous les dirigeants politiques, ministres et autres commandent souvent ce genre d'études d'opinion, explique Jérôme Lambert, député PS, membre du groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste et vice-président de la commission des Affaires européennes à l'Assemblée nationale.
"C'est une pratique aussi courante de ne pas les publier pour garder d'ailleurs un certain avantage", poursuit-il. "À ma connaissance, les résultats ne sont pas livrés à tout le monde y compris à ses concurrents par exemple. Donc ça, c'est courant. Ce qui l'est moins si vous voulez, dans le sondage qui vous intéresse, les résultats de ce sondage sont susceptibles d'intéresser non seulement François Hollande, mais tous les autres candidats possibles à la primaire organisée par le Parti socialiste".
Or, il semblerait, jusqu'à ce que le contraire ne soit prouvé, que personne, aucun des candidats, ni Montebourg ni Hamon ni les autres, n'aient été informés ni de la commande de ce sondage ni de ses résultats — comme si la direction du Parti socialiste fonctionnait un peu contre eux, fait remarquer M. Lambert. Il s'agirait donc d'un cas dans leurs intérêts, alors que la direction du PS dans ce domaine-là doit rester totalement neutre.
Compte tenu du rejet que M. Hollande suscite chez le public, le résultat de l'enquête est peu étonnant, plutôt logique.
"Sur le résultat lui-même, que François Hollande soit au début de juillet distancé par une éventuelle candidature d'Arnaud Montebourg… à mon sens il n'y a rien de très étonnant à cela, au vu du rejet que les anciens candidats Sarkozy et Hollande provoquent dans l'opinion publique", estime M. Lambert.
"Près de 80% des Français, pour l'un comme pour l'autre, ne souhaitent pas qu'ils soient à nouveau président de la République", précise-t-il. "Donc c'est les candidatures alternatives, soit celle d'Alain Juppé à droite ou d'Arnaud Montebourg à gauche qui peuvent être effectivement devant ces prétendants que sont François Hollande et Nicolas Sarkozy".