Paris accueillait mardi une conférence de presse conjointe de Bernard Cazeneuve, ministre français de l'Intérieur, et de Thomas de Maizière, son homologue allemand, consacrée aux questions de sécurité. Les ministres ont notamment appelé la Commission européenne à obliger les services de messagerie à coopérer avec les autorités et à dévoiler les données relatives à la correspondance des utilisateurs qui éveilleraient l'intérêt des services de sécurité. Cette mesure devrait aider les pays européens à combattre les terroristes qui utilisent activement les services de ce type, selon ses partisans.
Bernard Cazeneuve a notamment cité l'application Telegram comme un exemple de messagerie freinant les services de sécurité français dans la prévention des attentats. Comme WhatsApp de Facebook, elle chiffre toutes ses données et empêche donc les forces de l'ordre d'accéder à la correspondance des malfaiteurs même si une décision appropriée du juge a autorisé cet accès. Les deux ministres ont donc appelé la Commission européenne à rédiger un projet de loi obligeant tous les opérateurs de messagerie de ce type de coopérer avec les autorités en présentant toutes les informations nécessaires. D'après Bernard Cazeneuve, cette loi aurait pour objectif "d'imposer des obligations à des opérateurs qui se révéleraient non coopératifs, notamment pour retirer des contenus illicites ou déchiffrer des messages exclusivement dans le cadre d'enquêtes judiciaires".
La Commission européenne a déjà soutenu cette initiative franco-allemande. La proposition des ministres de l'Intérieur des deux pays pourrait être examinée prochainement et faire partie du paquet de règles de sécurité et de confidentialité des services en ligne qui devrait être publié en septembre. "La sécurité est une prérogative nationale mais la création d'une base législative au niveau européen aidera les pays membres de l'UE à accomplir leur mission: assurer la sécurité de nos citoyens", souligne Natacha Berto, porte-parole de la Commission.
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