Les ONG ne s'occupent presque pas du sort des 20.000 personnes déplacées qui vivent dans une grande précarité près de l'aéroport M'Poko de Bangui, le plus grand site de déplacés de la capitale centrafricaine, a déclaré à Sputnik un habitant du camp de réfugiés, Edgar Sambé, qui réside à M'Poko depuis trois ans.
"Aucune organisation qui prétend être venue nous aider n'est ici. C'est nous qui nous débrouillons nous-mêmes pour entretenir cet endroit. Si nous ne le faisions pas, rien ne fonctionnerait", raconte M.Sambé.
Situation sanitaire
L'insalubrité et la rareté de l'aide humanitaire fait se dégrader la situation sanitaire du site de M'Poko.
"L'eau que nous buvons n'est pas une bonne eau. L'eau est amenée dans des citernes et nous la tirons à travers des tuyaux pour que les gens viennent la consommer. Mais cette eau nous cause des problèmes et nous rend malades. Sur le site, il est difficile de trouver de la nourriture. A côté de nos maisons, il n'y a que des saletés. On trouve partout des mouches d'excrément et des insectes", a-t-il précisé.
"Mais il est difficile de trouver des médicaments sur le site, même chez MSF. Ils disent qu'ils ne soignent que les enfants, pas les adultes. Nous, les adultes, on va se débrouiller hors du site pour nous soigner. Les gens viennent de l'extérieur pour se soigner, mais nous les vrais déplacés du site n'avons aucun accès aux soins. Juste du paracétamol et de la nivaquine, c'est ce qu'on a, rien d'autre", a déploré M.Sambé.
Près de 20.000 personnes déplacées résident actuellement au site de M'Poko, le plus grand site de déplacés de la capitale centrafricaine Bangui situé à une dizaine de mètres de la piste d'atterrissage de l'aéroport local.
"Nous souffrons depuis notre arrivée ici en décembre 2013. Nous vivons une vraie galère", a déclaré un autre habitant de M'Poko, Silver Ndeka, qui a perdu ses parents pendant la guerre civile et vit au camp de déplacés depuis trois ans.
Aucun travail pour les déplacés
Selon lui, les ONG qui affirment aider les personnes déplacées ne font que "ramasser leurs familles dans leurs quartiers" du site et ne donnent pas de travail aux réfugiés.
"Les ONG ne donnent du travail qu'à leurs familles et leurs amis (…). Il n'y a pas de travail pour nous permettre de vivre (…). Nous voulons partir d'ici, retrouver nos maisons, mais nos quartiers n'ont pas été désarmés. On ne peut pas retourner chez nous", a indiqué M.Ndeka.
"Le ravitaillement n'est pas fait. Nous sommes abandonnés", conclut un ancien fonctionnaire de gendarmerie, David Bisséké.
En décembre 2013, la ville de Bangui a été secouée par des affrontements entre les combattants du groupe Séléka composé principalement de musulmans et les milices chrétiennes Anti-balaka. Des milliers de familles sont arrivées à l'aéroport de Bangui. Selon l'Onu, les hostilités ont fait près d'un millier de morts. Environ un million de personnes ont quitté leurs foyers.