Dans le cadre du 71ème anniversaire de la tragédie de Nagasaki, le maire de la ville a déclaré que le Japon "prônait l'abolition des armes nucléaires, tout en s'appuyant sur la dissuasion nucléaire", via son allié américain.
Lors de son discours, le maire de Nagasaki, Tomohisa Taue, a eu d'audace de formuler des propositions concrètes pour parvenir à un monde sans armes nucléaires ainsi que de critiquer la politique "contradictoire" du Japon, indique le chef du centre de recherche japonaise au sein de l'Académie des sciences de Russie Valery Kistanov, interrogé par Sputnik.
La contradiction principale de la politique japonaise est que le Japon se présente comme le seul pays à avoir souffert du bombardement atomique. A cet égard, il se croit leader du mouvement pour le désarmement nucléaire. Cependant, le Japon ne renonce pas "au parapluie nucléaire" et, d'après certains experts, est même capable de renforcer secrètement son potentiel nucléaire.
Dans ce contexte, le maire de Nagasaki a appelé le gouvernement à "inscrire dans la loi les trois principes non-nucléaires" édictés en 1967 (pas de développement/production, pas de possession, pas d'entrée sur le territoire), et à "créer une zone sans armes nucléaires en Asie du Nord-Est". Toutefois, selon le spécialiste, même si le Japon inscrit ces trois principes non-nucléaires, cela ne l'empêche pas de les abandonner, comme cela a été le cas avec l'interdiction de vendre des armes à l'étranger qui est entrée en vigueur en 1967 et a été levée en 2014.
En outre, d'après M.Kistanov, certains experts pensent que le Japon pourrait renforcer son potentiel nucléaire. Les spécialistes chinois ont même calculé que le pays pourrait créer quelque 1.350 ogives nucléaires dans un délai court. Pourtant, la ministre japonaise de la Défense Tomomi Inada a plusieurs fois déclaré que le Japon était un pays paisible et qu'actuellement il n'avait pas l'intention de se doter d'armes nucléaires. Mais elle a ajouté que la situation pouvait changer…
Dans le contexte de la course aux armements qui se poursuit actuellement dans la région de l'Asie du Nord-Est, ces déclarations ont entraîné de vives protestations de la part de la Chine et la Corée du Sud. De plus, la situation s'est aggravée à cause d'un nouveau système américain de défense antimissile déployé dans la péninsule coréenne.
L'expert insiste sur le fait que la politique japonaise est vraiment contradictoire. Cependant, le Japon pourrait apporter une contribution importante à l'établissement d'une zone non-nucléaire dans cette région asiatique, s'il inscrit dans sa législation les trois principes non-nucléaires, comme vient de le proposer le maire de Nagasaki. Néanmoins, vue la situation actuelle dans la région, cette évolution semble irréaliste.