Selon la secrétaire générale de l'Eglise Céline Hoiore, la plainte sera déposée au tribunal de La Haye, ainsi qu'à l'Onu.
Sputnik a interrogé Patrice Bouveret, directeur de l'Observatoire des armements, sur l'impact des trente années d'essais nucléaires en Polynésie.
"L'atoll de Moruroa, où notamment ont été fait la majorité des essais souterrains, cet atoll à force d'avoir été creusé pour les essais, risque de s'effondrer et donc de libérer toute la radioactivité qui est enfermée au moment de chacun des essais souterrains, qui va se répandre dans le Pacifique et donc toucher la chaîne alimentaire via les poissons bien évidemment, et donc se renforcer en termes, je dirais, de conséquences sur la santé", a expliqué M.Bouveret.
Selon lui, c'est seulement à partir de 2006-2007 que la France a commencé à reconnaître qu'il pouvait y avoir un problème sous pression des organisations qui regroupaient à la fois les travailleurs, les victimes polynésiennes mais aussi tout le personnel qui a participé à ces essais qui ont mené campagne pendant des années avec l'appui des médias avant d'obtenir que l'Etat considère qu'il y a peut-être eu des problèmes et qu'il faudrait s'en occuper.
Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d'informations indépendantes sur la radioactivité, indique pour sa part à Sputnik que l'armée a classifié pour l'éternité tous les documents confidentiels et secret défense concernant les essais nucléaires français.
"Ça était décidé par une loi de 2010. Selon l'habitude dans tous les pays démocratiques, au bout de 50 ans on déclassifie les archives militaires. Et en 2010, puisque le premier essai a eu lieu en 1960 en Algérie, on aurait dû déclassifier les premiers documents. Malheureusement par une loi la France a décidé de rester classifié tout ça", a fait remarquer M.Desbordes.
Toutefois, il y a quelques documents qui ont été déclassifiés pour l'environnement mais, selon lui, c'est très peu et, malheureusement, "ces documents ne donnent pas d'informations réelles sur les doses qu'ont reçues les personnels qui travaillaient là-bas et les populations. Et ça c'est évidemment scandaleux".
M.Desbordes affirme que dans d'autres pays comme l'Angleterre et les Etats-Unis qui ont fait des essais comme la France, premièrement, on ouvre les archives, donc tous les gens ont tous les documents, ils peuvent voir les doses qu'ils ont reçues, et deuxièmement, on ne leur demande pas de prouver pour la justice que leur cancer est exclusivement dû à la radioactivité des essais nucléaires mais qu'il y a une corrélation, "simplement un lien de causalité et pas une causalité forte mais un lien de causalité entre leur pathologie et la radioactivité".
"C'est une situation de présomption de lien de causalité et la justice dans ce cas-là vous donne raison, vous dit: on n'est pas certain à cent pour cent que votre cancer est exclusivement dû à ça mais en tout cas il y a des possibilités pour qu'il le soit, donc on vous reconnaît comme victime. C'est ce qu'on demande, nous, en fait", a-t-il noté.
Les Polynésiens estiment que les essais nucléaires sont la cause de nombreuses maladies, notamment du développement de cancers, de problèmes de thyroïde et de leucémies.